Hi kids
Un petit CR a chaud, forcément incomplet, pour essayer de résumer ce qui nous a semblé essentiel, ne concernant que le corb.
Le GEM nous a présenté des projections, à partir de leurs comptages, évaluant les populations de corbs à 15000 individus adultes en méditerranée française. Ils reconnaissent eux mêmes l’imprécision probable, mais l’ordre de grandeur y est (en tout cas probablement moins de 100 000). Ils remarquent la faible présence des gros individus hors Aires Protégées, suggérant que la reproduction n’est pas optimale. Ils considèrent que, malgré la création des AMP, le stock hors AMP diminue en nombre et en taille (ce que l’on peut effectivement discuter, mais ils ont des chiffres, certes très imprécis, et pas nous…)
A partir de là le raisonnement est le suivant. Le nombre de pêcheurs pros n’a pas augmenté depuis plusieurs dizaines d’années (de l’ordre de 3000) par contre on a vu une explosion de la pêche loisir. On estime à 50 000 les PSM et 100 000 les ligneux, en divisant par deux il y aurait, en Med, dans les 25 000 PSM et 50 000 ligneux (chiffres datant de la dernière année de déclaration PSM obligatoire). Le corb est peu impacté par la ligne, donc c’est la PSM loisir qui est en cause dans la diminution du stock. Ceci conduit a ce qu’il y aurait grosso modo de l’ordre d’un corb adulte par PSM. Donc une situation pouvant conduire à la mise en danger de la population, même en instaurant un quota d’un corb par pêcheur…. Un autre aspect du raisonnement est qu’une minorité de PSM sont encartés, contrôlables, comptables et potentiellement accessibles à l’idée d’un encadrement du prélèvement. La masse des autres est hors de contrôle, ce qui ne peut pas s’arranger en l’absence de déclaration.
Ceci conduit le GEM à demander une interdiction temporaire de 10 ans, pour toutes les pêches loisirs, afin d’établir un point zéro et de suivre l'évolution des populations. Se sont ralliés à cette opinion, outre le GEM, les représentants des AMP (Scandola, Bonif, Banyuls, Cote Bleue), les ligneux et les pro (qui ne sont pas concernés). Nous avons proposé un quota d’un poisson/pêcheur assorti d’un repos en période de frai (celui ci est assez imprécis pour le corb allant d’avril à juillet). Notre argumentation était essentiellement basée sur l’absence de risque de disparition du corb, sur l’imprécision des estimations devant plutôt conduire à une réponse proportionnée et sur notre faible prélèvement et la présence importante de juvéniles hors AMP (merci au carnet de pêche et aux pourvoyeurs de photos). Ces derniers arguments étant limite de se retourner contre nous (si on en prélève peu, c’est qu’il y en a peu…et le reste ne grandit pas…). Après une discussion un peu houleuse, tout le monde, dans un camp comme dans l’autre, n’étant pas également à l’écoute des arguments des autres, la FCSMP, la FFESSM et la FNPSA se sont ralliées à cette proposition. A partir de ces positions non consensuelles, l’animateur du comité de façade doit rédiger une synthèse qui sera soumise aux préfets qui prendront la décision.
C’était un peu frustrant de voir que quoiqu’il arrive nous étions en minorité. Toutefois les échanges étaient intéressants. On peut en tirer quelques enseignements.
Il est nécessaire d’avoir des données quantitatives (même approximatives), et non du ressenti, si on veut discuter sérieusement. Ceci concerne aussi bien le poiscaillou que nous-mêmes. Plusieurs intervenants ont d’ailleurs demandé des mesures administratives (permis, déclaration etc..) permettant de compter les pêcheurs.
Globalement, il semble que FCSMP inspire confiance, par ses positions en faveur de l’environnement. Une modification de la mentalité des PSM, en particulier via les forums, est reconnue (avec la réserve de la masse importante des anonymes).
Nos initiatives intéressent. Des demandes d’accès au données du carnet de pêche on été faites par le GEM. Quelle que soient les mesures qui seront prises il faudra faire un effort pour améliorer la précision des estimations et la participation des PSM, et de FCSMP, sera sollicitée. A nous de répondre.
Enfin une dimension du débat est d'ordre quasi-philosophique. D'un côté on peut adopter une position rousseauiste, ou l'ordre naturel et l'état optimal d'une espèce n'existent qu'en absence de prédation humaine et c'est vers cet idéal qu'il faut tendre (situation des ZNP intégrales). De l'autre, l'homme faisant partie de la nature, une population soumise à prédation peut trouver un équilibre, au delà du bien et du mal, sans que son existence soit en danger (ceci suppose obligatoirement des mesures de suivi appropriées), avec toutes les positions intermédiaires du curseur.
