Marlin noir enfin
Modérateur : Modo's
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- Flèche de bronze
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- Inscription : mar. mars 20, 2007 9:02 pm
- Localisation : EQUATEUR
Marlin noir enfin
Des mois se sont passés ici sans que la traque incessante du poisson ne cesse.
Mayotte ne paye pas toujours en retour ce qu'elle doit.
Elle prend même parfois.
Emeutes et violence ont redonné à l'ile sa vraie réalité.
Caillou rouge et vert, frangé de saleté et de pauvreté, couverture blanche et ouatée du bien être Français ne suffisant plus à tout le monde.
Après des mois de vie au large de tout, humbles et sensibles au monde qui nous entoure, pendant qu'en mer nous croisons inlassablement la route de barques surchargées venant d'Anjouan, on ferme les yeux pour ne voir que notre vie à nous.
Chacun sa case, chacun son monde, les pierres et le feu de la colère sont passé trop près par là, alors on oublie où nous sommes pour ne vivre que l'instant présent, éphère, fugace, encore quelques années sans le droit de se dire qu'on est chez nous, sachant qu'il faut partir.
La pêche mène sa loi, nous fait accepter le reste.
Un oeil sur la famille restée à terre, la main sur les portables pour veiller sur chaque journée qui passe, on continue à jouer à tout va bien ici.
Bateau, lagon, on ne s'approche maintenant que peu des plages.
Samedi sous l'eau, dimanche ancrés loin au large, jour des enfants qui découvrent la mer.
Je me sens plus que jamais étranger, ce n'est pas nouveau dans ma vie, mais ici, je le regrette. J'aurais tant voulu être chez moi.
Soleil encore. Vagues courtes, on hache la paroi sud de l'Iris à grands coups de palmes.
Déjà un premier wahoo embroché magnifiquement par un Nicolas en grand forme.
Lui stationnant inerte près du leurre, bras gauche dans le dos, drôle d'habitude, c'est moi qui lui signale l'arrivée de deux beaux wahoos au dessus de lui en poussant notre signal de mulet asthmatique, un meu ouh ouh sensé dire :
- Bouge-toi feignant !
Effectivement, il se bouge. Lente remontée vers la surface, les 2 proies sont lointaines. Nico a armé son Baja+ avec 4 sandows, un 19mm que je lui ai confectionné plus 3 sandows en 16 ; Moi ce genre de configuration m’explose le poignet, lui avec ses 95 kilos montés sur 1M94 de muscles ne lui font rien.
Bras tendu, je peux assister à toute la scène du meurtre, je regarde le premier des deux wahoos se faire hypnotiser par cette bestiole noire au nez pointu. Claquement sec, scrotch sanguinolent, bruissement liquide du départ de la drisse suivie de ses bouées. Nicolas sans problème empoigne le tout et rapidement fini le job, wahoo saigné, emballé dans la glacière. On se sent chanceux ce matin. Pas trop de vent ni de houle, bon courant rentrant, amis chasseurs, le courant, c’est important le courant !
On continue à surfer au milieu des requins. Toujours plus nombreux. Un gris fini même par nous obliger à changer de place, si hargneux et menaçant que nos propres charges d’intimidation ne font rien. Il danse dressé sur sa queue, et ça, j’aime pas.
On prend l’option d’un point 3 km plus au nord. Déjà un bateau de chasseurs, on peut voir de loin les trains de bouées orange enfilées comme des perles qui dansent sur l’eau.
Des barques yam de pêcheurs locaux hantent aussi les parages, ancrées sur la cassure des 100/ 200 mètres. Un blanc fait de la traine et lève un wahoo sous nos yeux.
Des oiseaux volent timidement. Un gibier, cormoran, quelques sternes, rien de bien exceptionnel. L’étale basse vient de sonner, le courant s’oublie dans un sommeil molasse. La clarté de l’eau, ce n’est pas vraiment ce qui fait défaut.
Une sorte de tableau se met en place. Acteur, lieu, temps, action.
Le clap se fait entendre. Départ moteur, on tourne.
Agachon au coté du leurre, la bonite danse sur 20m.
On a encore eu droit à la sarabande des marteaux, le dernier groupe de 10 m'a carrément dansé la salsa en version live face à face.
J'ai beau me dire qu'eux sont les plus zen de tous, malgré tout, je n'arrive pas à maitriser tous mes réflexes. Attendre dans le bleu sans rien en visuel proche...
Tourner sa tête de droite à gauche, lever les yeux, chercher une silhouette dans l'eau salie par les particules laissées par les pluies de la nuit... Le leurre est toujours plus lent en dérive que le chasseur, garder un palmage très lent, ne pas bouger même, alors que je n’ai qu’une envie, tout voir autour de moi.
Un rétro sur le fusil, ce serait pas mal.
Chants assourdissants des baleines. Proches, très proches. Fuite de bancs d'orphies.
Il y a ce quelque chose de très particulier dans l'air qui me met tous mes sens en alerte.
Je remonte après une apnée sans passion, toujours tendue même grâce à nos voisins requins toujours à l’affut.
Je les vois alors que j'aborde la zone des -10 mètres.
Deux secondes de pensée pour Nicolas qui attend son tour. Vais-je le lui laisser alors que je suis encore quelques mètres sous l’eau ? Opportunisme agressif et retourner ? Foncer ? Au diable politesse et abandon d’une si rare occasion ?
Un flash pour repenser au Doc la semaine passé qui m'a fait pareil, le coup de stopper sa remontée pour redescendre plein pot sur un voilier, me laissant brulant de jalousie pour un si beau tir.
Sans plus tergiverser, ayant pourtant déjà largement passé mes 1.30 d'apnée au leurre, je retourne mon fusil vers le fond.
Les deux marlins identiques remontent des 95 m. Ils n’ont pas l’air si énormes, au point qu’au début, de loin, je les prends pour de très gros voiliers. Seul l’éloignement m’explique cette impression, le temps que je sois au contact direct du poisson.
L'un vers ma droite, moins franc, le deuxième vers la gauche, en direction de Nicolas qui attend en surface.
Moi, pile entre les deux.
Cinq secondes pour opter sur celui de droite. Je sens plus que je ne vois Nicolas qui part vers le deuxième. Il n'a pas attendu ce chien que je remonte pour filer lui aussi tenter sa chance!
Bien rodé, Nicolas opte pour celui qui a viré vers lui.
Pas de courant, le train de bouée que je tire derrière moi ne pèse rien. Avant même que je tire, j’entends le clac caractéristique des sandows de Nicolas, avec rien ensuite. Déduction, ratage en beauté. Pourtant le sien était plus haut que celui que je vise à présent.
Déjà deux fois j’ai eu la possibilité de tenter ma chance. Un premier marlin noir, plus gros, 150 kg ou plus. Sur ce coup là, où j’ai tiré comme je l’aurais fait pour un wahoo, mon ice pick n’a pas réussi à traverser la masse si dense de viande.
Mauvais tir à l’épaule, du dur, après dix minutes de rushs profonds, le marlin emportant toutes les bouées, pourtant 115 litres en tout, vers le fond, il a fini par se décrocher.
Le deuxième, un bleu, énorme, deux cents kilos, au moins, une muraille face à moi.
Tir magnifique à l’instinct, si vive et si soudaine avait eu lieu la rencontre. Ice pick fatal, soubresauts tendus de la bête, qui s’écroule, frappée à mort, le train de bouées qui se tend, le poisson qui coule le tout, et qui sous mes yeux, se décroche, ice pick resté droit fiché dans sa viande au lieu de se mettre en travers. La remontée violente des bouées m’assène un coup terrible.
Des larmes de rage sortent ce jour là, j’étais déjà en haut de l’affiche, la puissance perdue de cet animal exceptionnel me paralysant pour des jours entiers à venir.
Chaque nuits y repensant, me dire, si tu le rencontres encore, vise l’arrière, tire la queue. Tu l’empêcheras de nager, il ne se décrochera pas, tu ne le perdras pas.
Le marlin noir me laisse quelques dixièmes d’instant pour jouer cette scène déjà vécue. Pas besoin d’air pour survivre sous l’eau.
Il a déjà fait volte face, effrayé par le tir sur son compagnon. Son rostre pointe vers le bas.
Un courant renforcé par la vitesse de palmage que je donne rendent difficile le pivot du fusil. Mon cerveau force mon poignet à ré-orienter le tir que mon habitude veut à tout prix envoyer dans une partie noble de la proie.
-Vise la tête !
-Non ! Vise le bas du corps ! La queue ! La queue !
Je suis en état second, défonce totale à l’adrénaline. Trois ou quatre mètres nous séparent, et son œil rond ne me laisse pas indifférent. Il est beau, il est déjà mort, il est à moi, je suis déjà rentré en lui.
L’ice pick le perfore pile là où la queue est la plus dure. Un réseau dense de muscles maillés, tendons blancs aussi solides que du kevlar, jamais il ne pourra se décrocher.
Vingt mètres peut-être de fond à parcourir en sens inverse, pour la deuxième fois. Toujours pas besoin d’air, une extase parfaite qui me donne l’énergie de rattraper en surface un convoi de bouées qui fusent furieusement à travers le clapot.
-Marlin ! Marlin ! Marlin ! Putain ! Amène le bateau ! Va chercher Nicolas ! Il faut le doubler !
Je hurle connement tout ça, la tête à moitié sous l’eau, tracté par le marlin.
Fred notre pilote du jour lui a déjà tout pigé. Il a vu partir les flotteurs, le poisson, il n’en est pas sur, mais il a senti que ça urge.
Fred remonte la piste de sang qui suit notre funèbre cortège.
Il finit par se caler à coté de moi, attend mes ordres, m’explique du mieux ce qu’il sait.
C’est une situation extraordinaire, je ne veux plus rien louper, je ne veux rien perdre, il est hors de question que je salope quoique ce soit.
Nicolas qui a raté son marlin ne peut rien faire, fusil désarmé, et de toutes façons trop loin de moi à présent.
Je cogite mes options. Plus de cent kilos de muscles que rien n’arrêtera tout de suite. Moi seul.
Ok. Je tends la drisse qui reste derrière moi vers le pilote. Mon poids ne ralenti pas le poisson, le bateau avance à petit régime je ne pense même pas à l’hélice qui va pourtant me frôler.
Mes ordres.
Attache le bout au taquet arrière. Coupe le moteur. Lève le.
Donne-moi mon deuxième Baja avec le moulinet.
Et attend.
Armer, les trois sandows. Respirer ou pas, je ne sais pas si je l’ai fait. Nager pour rejoindre le marlin qui continue sans espoir à avancer, halant 1 tonne derrière lui.
Trente mètres nous séparent.
Il nage face au courant. Vitesse constante.
Je palme. Le plus fort possible. Ma vie enfermée dans ce grand corps cartilagineux, aileron dressé, le bas du corps déjà noirci par l’effort et la douleur.
Il entame un demi-cercle.
Classique. Il peut me garder à l’œil, moi son prédateur, et il peut se battre.
L’axe de fuite s’ouvre vers le large. Je profite d’un instant de courant favorable. Cinq mètres de lui. Il est peu profond, juste à porté de quelques impulsions. Respirer, encore une fois, je ne sais pas si je l’ai fait.
Viser. Ne pas louper. Pas de crainte. Pas de peur. Il est déjà mort devant moi, il ne pourra rien me faire, je suis plus fort que lui. Flèche vers le crâne. Enfoncée sur l’épaule. Le flot de sang qui gicle me fait comprendre qu’elle est ressortie par les ouïes.
Il ne peut plus respirer. Je l’amène doucement à moi.
Nicolas m’a rejoint.
-Tire-le ! Vas-y ! Assure-le !
Il n’a que quelques pas à faire pour amener sa flèche au dessus. Il enfonce la détente, un mètre soixante d’inox de sept millimètres quatre vingt dix huit s’enfoncent de part en part dans le marlin.
La remontée au bateau. Je veux des photos. Ne pas laisser partir ça en fumée de souvenirs. Je veux partager ça avec tous ceux que j’aime et qui seront fier de moi.
J’existe à travers lui, il m’en faut la preuve, je suis un homme maintenant.
Mes premiers efforts à bord après avoir hissé le marlin, retrouver une clarté d’esprit suffisante pour annoncer au Doc la grande nouvelle.
On se marre en sachant qu’aujourd’hui, enfermé dans sa salle d’urgence, il va hurler, tempêter, balancer entre joie et désolation.
C’est pourtant à lui que je dois ce poisson aujourd’hui. Sans lui, sa gentillesse, son expérience et son compagnonnage bourru, jamais je n’y serai arrivé.
Je lui offre mes remerciements, il veut tout savoir, et en même temps hurle qu’il ne veut plus rien entendre.
-Tu fais parti de la cour des grands maintenant enfoiré ! Salopard ! Le jour où justement je ne suis pas là ! Putain, c’est pas vrai ! Et moi alors ! T’as de la chance mon cochon ! Putain, c’est pas vrai !!!!!!!!!!
J’ai encore la pêche pour annoncer la nouvelle à ma tendre et douce. C’est elle, si avare de mots habituellement qui a celui qui me touche le plus. Venant d’une asiatique si réservée…
Elle me dit :
-Je savais que tu le ferais. J’avais confiance.
Vous connaissez la valeur du mot confiance chez les chinois ?
On continue à chasser.
Nicolas remonté à bloc exécute des apnées parfaites. Mais si sa chance est passée, la mienne est restée.
Alors c’est encore moi qui vais faire du poisson, un wahoo, bien fléché, dévoré sur le fil par les marteaux environnants. Un deuxième wahoo, exceptionnellement fléché presque au ras de l’eau…. Un petit mérou pour finir, un splendide croissant queue jaune, la bouchée royale.
Quinze heures.
Je veux rentrer au port. Là bas, ce sera du sport encore, la tension qui retombe me fait voir le poisson mort allongé sur le flanc du bateau dans sa triste réalité.
Plus de cette extraordinaire couleur acier chirurgical, plus de cet œil énorme si brillant. Rien, des écailles sèches qui se détachent. Un peu de sang qui suinte sur le pont. De la merde qui s’écoule de son anus.
Nicolas et Fred restent en Petite Terre. Je rentre seul au ponton.
Je hisse le marlin sur le quai, aidé par un touriste de passage.
Une vieille dame, accompagnée de son mari et de ses petits enfants me dit :
- Il est beau ce thon…Dites moi, il pèse combien ?
Les pics de ce moment sur...
http://oceanvoyageur.skyrock.com/82.html
jusqu'à
http://oceanvoyageur.skyrock.com/85.html
Mayotte ne paye pas toujours en retour ce qu'elle doit.
Elle prend même parfois.
Emeutes et violence ont redonné à l'ile sa vraie réalité.
Caillou rouge et vert, frangé de saleté et de pauvreté, couverture blanche et ouatée du bien être Français ne suffisant plus à tout le monde.
Après des mois de vie au large de tout, humbles et sensibles au monde qui nous entoure, pendant qu'en mer nous croisons inlassablement la route de barques surchargées venant d'Anjouan, on ferme les yeux pour ne voir que notre vie à nous.
Chacun sa case, chacun son monde, les pierres et le feu de la colère sont passé trop près par là, alors on oublie où nous sommes pour ne vivre que l'instant présent, éphère, fugace, encore quelques années sans le droit de se dire qu'on est chez nous, sachant qu'il faut partir.
La pêche mène sa loi, nous fait accepter le reste.
Un oeil sur la famille restée à terre, la main sur les portables pour veiller sur chaque journée qui passe, on continue à jouer à tout va bien ici.
Bateau, lagon, on ne s'approche maintenant que peu des plages.
Samedi sous l'eau, dimanche ancrés loin au large, jour des enfants qui découvrent la mer.
Je me sens plus que jamais étranger, ce n'est pas nouveau dans ma vie, mais ici, je le regrette. J'aurais tant voulu être chez moi.
Soleil encore. Vagues courtes, on hache la paroi sud de l'Iris à grands coups de palmes.
Déjà un premier wahoo embroché magnifiquement par un Nicolas en grand forme.
Lui stationnant inerte près du leurre, bras gauche dans le dos, drôle d'habitude, c'est moi qui lui signale l'arrivée de deux beaux wahoos au dessus de lui en poussant notre signal de mulet asthmatique, un meu ouh ouh sensé dire :
- Bouge-toi feignant !
Effectivement, il se bouge. Lente remontée vers la surface, les 2 proies sont lointaines. Nico a armé son Baja+ avec 4 sandows, un 19mm que je lui ai confectionné plus 3 sandows en 16 ; Moi ce genre de configuration m’explose le poignet, lui avec ses 95 kilos montés sur 1M94 de muscles ne lui font rien.
Bras tendu, je peux assister à toute la scène du meurtre, je regarde le premier des deux wahoos se faire hypnotiser par cette bestiole noire au nez pointu. Claquement sec, scrotch sanguinolent, bruissement liquide du départ de la drisse suivie de ses bouées. Nicolas sans problème empoigne le tout et rapidement fini le job, wahoo saigné, emballé dans la glacière. On se sent chanceux ce matin. Pas trop de vent ni de houle, bon courant rentrant, amis chasseurs, le courant, c’est important le courant !
On continue à surfer au milieu des requins. Toujours plus nombreux. Un gris fini même par nous obliger à changer de place, si hargneux et menaçant que nos propres charges d’intimidation ne font rien. Il danse dressé sur sa queue, et ça, j’aime pas.
On prend l’option d’un point 3 km plus au nord. Déjà un bateau de chasseurs, on peut voir de loin les trains de bouées orange enfilées comme des perles qui dansent sur l’eau.
Des barques yam de pêcheurs locaux hantent aussi les parages, ancrées sur la cassure des 100/ 200 mètres. Un blanc fait de la traine et lève un wahoo sous nos yeux.
Des oiseaux volent timidement. Un gibier, cormoran, quelques sternes, rien de bien exceptionnel. L’étale basse vient de sonner, le courant s’oublie dans un sommeil molasse. La clarté de l’eau, ce n’est pas vraiment ce qui fait défaut.
Une sorte de tableau se met en place. Acteur, lieu, temps, action.
Le clap se fait entendre. Départ moteur, on tourne.
Agachon au coté du leurre, la bonite danse sur 20m.
On a encore eu droit à la sarabande des marteaux, le dernier groupe de 10 m'a carrément dansé la salsa en version live face à face.
J'ai beau me dire qu'eux sont les plus zen de tous, malgré tout, je n'arrive pas à maitriser tous mes réflexes. Attendre dans le bleu sans rien en visuel proche...
Tourner sa tête de droite à gauche, lever les yeux, chercher une silhouette dans l'eau salie par les particules laissées par les pluies de la nuit... Le leurre est toujours plus lent en dérive que le chasseur, garder un palmage très lent, ne pas bouger même, alors que je n’ai qu’une envie, tout voir autour de moi.
Un rétro sur le fusil, ce serait pas mal.
Chants assourdissants des baleines. Proches, très proches. Fuite de bancs d'orphies.
Il y a ce quelque chose de très particulier dans l'air qui me met tous mes sens en alerte.
Je remonte après une apnée sans passion, toujours tendue même grâce à nos voisins requins toujours à l’affut.
Je les vois alors que j'aborde la zone des -10 mètres.
Deux secondes de pensée pour Nicolas qui attend son tour. Vais-je le lui laisser alors que je suis encore quelques mètres sous l’eau ? Opportunisme agressif et retourner ? Foncer ? Au diable politesse et abandon d’une si rare occasion ?
Un flash pour repenser au Doc la semaine passé qui m'a fait pareil, le coup de stopper sa remontée pour redescendre plein pot sur un voilier, me laissant brulant de jalousie pour un si beau tir.
Sans plus tergiverser, ayant pourtant déjà largement passé mes 1.30 d'apnée au leurre, je retourne mon fusil vers le fond.
Les deux marlins identiques remontent des 95 m. Ils n’ont pas l’air si énormes, au point qu’au début, de loin, je les prends pour de très gros voiliers. Seul l’éloignement m’explique cette impression, le temps que je sois au contact direct du poisson.
L'un vers ma droite, moins franc, le deuxième vers la gauche, en direction de Nicolas qui attend en surface.
Moi, pile entre les deux.
Cinq secondes pour opter sur celui de droite. Je sens plus que je ne vois Nicolas qui part vers le deuxième. Il n'a pas attendu ce chien que je remonte pour filer lui aussi tenter sa chance!
Bien rodé, Nicolas opte pour celui qui a viré vers lui.
Pas de courant, le train de bouée que je tire derrière moi ne pèse rien. Avant même que je tire, j’entends le clac caractéristique des sandows de Nicolas, avec rien ensuite. Déduction, ratage en beauté. Pourtant le sien était plus haut que celui que je vise à présent.
Déjà deux fois j’ai eu la possibilité de tenter ma chance. Un premier marlin noir, plus gros, 150 kg ou plus. Sur ce coup là, où j’ai tiré comme je l’aurais fait pour un wahoo, mon ice pick n’a pas réussi à traverser la masse si dense de viande.
Mauvais tir à l’épaule, du dur, après dix minutes de rushs profonds, le marlin emportant toutes les bouées, pourtant 115 litres en tout, vers le fond, il a fini par se décrocher.
Le deuxième, un bleu, énorme, deux cents kilos, au moins, une muraille face à moi.
Tir magnifique à l’instinct, si vive et si soudaine avait eu lieu la rencontre. Ice pick fatal, soubresauts tendus de la bête, qui s’écroule, frappée à mort, le train de bouées qui se tend, le poisson qui coule le tout, et qui sous mes yeux, se décroche, ice pick resté droit fiché dans sa viande au lieu de se mettre en travers. La remontée violente des bouées m’assène un coup terrible.
Des larmes de rage sortent ce jour là, j’étais déjà en haut de l’affiche, la puissance perdue de cet animal exceptionnel me paralysant pour des jours entiers à venir.
Chaque nuits y repensant, me dire, si tu le rencontres encore, vise l’arrière, tire la queue. Tu l’empêcheras de nager, il ne se décrochera pas, tu ne le perdras pas.
Le marlin noir me laisse quelques dixièmes d’instant pour jouer cette scène déjà vécue. Pas besoin d’air pour survivre sous l’eau.
Il a déjà fait volte face, effrayé par le tir sur son compagnon. Son rostre pointe vers le bas.
Un courant renforcé par la vitesse de palmage que je donne rendent difficile le pivot du fusil. Mon cerveau force mon poignet à ré-orienter le tir que mon habitude veut à tout prix envoyer dans une partie noble de la proie.
-Vise la tête !
-Non ! Vise le bas du corps ! La queue ! La queue !
Je suis en état second, défonce totale à l’adrénaline. Trois ou quatre mètres nous séparent, et son œil rond ne me laisse pas indifférent. Il est beau, il est déjà mort, il est à moi, je suis déjà rentré en lui.
L’ice pick le perfore pile là où la queue est la plus dure. Un réseau dense de muscles maillés, tendons blancs aussi solides que du kevlar, jamais il ne pourra se décrocher.
Vingt mètres peut-être de fond à parcourir en sens inverse, pour la deuxième fois. Toujours pas besoin d’air, une extase parfaite qui me donne l’énergie de rattraper en surface un convoi de bouées qui fusent furieusement à travers le clapot.
-Marlin ! Marlin ! Marlin ! Putain ! Amène le bateau ! Va chercher Nicolas ! Il faut le doubler !
Je hurle connement tout ça, la tête à moitié sous l’eau, tracté par le marlin.
Fred notre pilote du jour lui a déjà tout pigé. Il a vu partir les flotteurs, le poisson, il n’en est pas sur, mais il a senti que ça urge.
Fred remonte la piste de sang qui suit notre funèbre cortège.
Il finit par se caler à coté de moi, attend mes ordres, m’explique du mieux ce qu’il sait.
C’est une situation extraordinaire, je ne veux plus rien louper, je ne veux rien perdre, il est hors de question que je salope quoique ce soit.
Nicolas qui a raté son marlin ne peut rien faire, fusil désarmé, et de toutes façons trop loin de moi à présent.
Je cogite mes options. Plus de cent kilos de muscles que rien n’arrêtera tout de suite. Moi seul.
Ok. Je tends la drisse qui reste derrière moi vers le pilote. Mon poids ne ralenti pas le poisson, le bateau avance à petit régime je ne pense même pas à l’hélice qui va pourtant me frôler.
Mes ordres.
Attache le bout au taquet arrière. Coupe le moteur. Lève le.
Donne-moi mon deuxième Baja avec le moulinet.
Et attend.
Armer, les trois sandows. Respirer ou pas, je ne sais pas si je l’ai fait. Nager pour rejoindre le marlin qui continue sans espoir à avancer, halant 1 tonne derrière lui.
Trente mètres nous séparent.
Il nage face au courant. Vitesse constante.
Je palme. Le plus fort possible. Ma vie enfermée dans ce grand corps cartilagineux, aileron dressé, le bas du corps déjà noirci par l’effort et la douleur.
Il entame un demi-cercle.
Classique. Il peut me garder à l’œil, moi son prédateur, et il peut se battre.
L’axe de fuite s’ouvre vers le large. Je profite d’un instant de courant favorable. Cinq mètres de lui. Il est peu profond, juste à porté de quelques impulsions. Respirer, encore une fois, je ne sais pas si je l’ai fait.
Viser. Ne pas louper. Pas de crainte. Pas de peur. Il est déjà mort devant moi, il ne pourra rien me faire, je suis plus fort que lui. Flèche vers le crâne. Enfoncée sur l’épaule. Le flot de sang qui gicle me fait comprendre qu’elle est ressortie par les ouïes.
Il ne peut plus respirer. Je l’amène doucement à moi.
Nicolas m’a rejoint.
-Tire-le ! Vas-y ! Assure-le !
Il n’a que quelques pas à faire pour amener sa flèche au dessus. Il enfonce la détente, un mètre soixante d’inox de sept millimètres quatre vingt dix huit s’enfoncent de part en part dans le marlin.
La remontée au bateau. Je veux des photos. Ne pas laisser partir ça en fumée de souvenirs. Je veux partager ça avec tous ceux que j’aime et qui seront fier de moi.
J’existe à travers lui, il m’en faut la preuve, je suis un homme maintenant.
Mes premiers efforts à bord après avoir hissé le marlin, retrouver une clarté d’esprit suffisante pour annoncer au Doc la grande nouvelle.
On se marre en sachant qu’aujourd’hui, enfermé dans sa salle d’urgence, il va hurler, tempêter, balancer entre joie et désolation.
C’est pourtant à lui que je dois ce poisson aujourd’hui. Sans lui, sa gentillesse, son expérience et son compagnonnage bourru, jamais je n’y serai arrivé.
Je lui offre mes remerciements, il veut tout savoir, et en même temps hurle qu’il ne veut plus rien entendre.
-Tu fais parti de la cour des grands maintenant enfoiré ! Salopard ! Le jour où justement je ne suis pas là ! Putain, c’est pas vrai ! Et moi alors ! T’as de la chance mon cochon ! Putain, c’est pas vrai !!!!!!!!!!
J’ai encore la pêche pour annoncer la nouvelle à ma tendre et douce. C’est elle, si avare de mots habituellement qui a celui qui me touche le plus. Venant d’une asiatique si réservée…
Elle me dit :
-Je savais que tu le ferais. J’avais confiance.
Vous connaissez la valeur du mot confiance chez les chinois ?
On continue à chasser.
Nicolas remonté à bloc exécute des apnées parfaites. Mais si sa chance est passée, la mienne est restée.
Alors c’est encore moi qui vais faire du poisson, un wahoo, bien fléché, dévoré sur le fil par les marteaux environnants. Un deuxième wahoo, exceptionnellement fléché presque au ras de l’eau…. Un petit mérou pour finir, un splendide croissant queue jaune, la bouchée royale.
Quinze heures.
Je veux rentrer au port. Là bas, ce sera du sport encore, la tension qui retombe me fait voir le poisson mort allongé sur le flanc du bateau dans sa triste réalité.
Plus de cette extraordinaire couleur acier chirurgical, plus de cet œil énorme si brillant. Rien, des écailles sèches qui se détachent. Un peu de sang qui suinte sur le pont. De la merde qui s’écoule de son anus.
Nicolas et Fred restent en Petite Terre. Je rentre seul au ponton.
Je hisse le marlin sur le quai, aidé par un touriste de passage.
Une vieille dame, accompagnée de son mari et de ses petits enfants me dit :
- Il est beau ce thon…Dites moi, il pèse combien ?
Les pics de ce moment sur...
http://oceanvoyageur.skyrock.com/82.html
jusqu'à
http://oceanvoyageur.skyrock.com/85.html
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- petite foëne
- Messages : 62
- Inscription : jeu. juil. 10, 2008 2:19 pm
- Localisation : Bah devant mon ordi forcement...
Et donc? Il pese combien ce thon?
Serieusement, superbe recit, j'adere totalement!
As tu pensé a ecrire un livre? Ton style me fait penser a Marguerite Duras un peu
Serieusement, superbe recit, j'adere totalement!
As tu pensé a ecrire un livre? Ton style me fait penser a Marguerite Duras un peu
Il y a des préservatifs à la fraise, banane... aujourd'hui il existe 2 new parfum mayo et pomme...
Pomme pour les boudins et mayo pour les thons.
Pomme pour les boudins et mayo pour les thons.
Re: Marlin noir enfin
VOYAGEUR a écrit : Sans plus tergiverser, ayant pourtant déjà largement passé mes 1.30 d'apnée au leurre, je retourne mon fusil vers le fond.
Cinq secondes pour opter sur celui de droite. Je sens plus que je ne vois Nicolas qui part vers le deuxième. Il n'a pas attendu ce chien que je remonte pour filer lui aussi tenter sa chance!
Bien rodé, Nicolas opte pour celui qui a viré vers lui.l
un de ces 4 à faire ce genre de truc .. tu ne sera peut être pour là pour écrire tes récits ....
- redescendre alors qu'on vient d'entamer sa remontée
- l'équipier qui laisse tomber l'autre encore au fond pour faire "son poisson"
enfin .. ça fera des trucs à raconter pour étoffer la partie sécu du site ...
"le déménagement c'est maintenant"
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- Flèche de bronze
- Messages : 110
- Inscription : mar. mars 20, 2007 9:02 pm
- Localisation : EQUATEUR
Tu as raison pour la sécu, tu as raison, désespérement raison. Mais que veux tu, ce que je reprochais en plus encore moi même au Doc qui a la sale habitude de faire ça, c'est toute la mécanique qui conditionne survie ou accident et mort.
Je me projette en situation de guerre presque, celle où l'action n'est plus dictée par la raison, mais uniquement par le réflexe. Un peu comme passer à découvert dans une zone de tir et ne pas y rester.
Ce marlin, but unique de ce rush, a réussi à me faire oublier tout ce à quoi je pense habituellement, avec une phrase fétiche, ne jamais crever pour un poisson.
Mes apnées en temps normal me laissent toujours de confortables marges de sécurité, là, il faut croire que tout était ok.
Bon, il y aurait pu avoir pépin.
Nicolas qui descend pour son propre tir, je ne juge pas, je narre. et puis, je ne m'en formalise même pas, je chasse si souvent seul dans des conditions si particulières, souvent extrèmes, que ça ne change pas grand chose pour moi. Même si dans une autre situation, ce gaillard m'a remonté un poisson bien problèmatique sur une autre session.
On va dire que là, il s'est oublié un peu.
Au final, la rubrique nécro ne s'est ouverte que pour le marlin. Mais si je raconte tout sans tricher sur les circonstances exactes, ce n'est pas par fanfaronnade, mais pour témoignage.
On peut toujours essayer d'être le plus carré possible, un dérapage est toujours possible.
Et tu as raison de le rappeler, pour des tas de raisons similaires, des chasseurs y sont restés.
Je me projette en situation de guerre presque, celle où l'action n'est plus dictée par la raison, mais uniquement par le réflexe. Un peu comme passer à découvert dans une zone de tir et ne pas y rester.
Ce marlin, but unique de ce rush, a réussi à me faire oublier tout ce à quoi je pense habituellement, avec une phrase fétiche, ne jamais crever pour un poisson.
Mes apnées en temps normal me laissent toujours de confortables marges de sécurité, là, il faut croire que tout était ok.
Bon, il y aurait pu avoir pépin.
Nicolas qui descend pour son propre tir, je ne juge pas, je narre. et puis, je ne m'en formalise même pas, je chasse si souvent seul dans des conditions si particulières, souvent extrèmes, que ça ne change pas grand chose pour moi. Même si dans une autre situation, ce gaillard m'a remonté un poisson bien problèmatique sur une autre session.
On va dire que là, il s'est oublié un peu.
Au final, la rubrique nécro ne s'est ouverte que pour le marlin. Mais si je raconte tout sans tricher sur les circonstances exactes, ce n'est pas par fanfaronnade, mais pour témoignage.
On peut toujours essayer d'être le plus carré possible, un dérapage est toujours possible.
Et tu as raison de le rappeler, pour des tas de raisons similaires, des chasseurs y sont restés.
Magnifique récit ... (et c'est vrai, il fait combien ton Thon ???)
Pour la sécu, je dirais que ton récit restitue la violence des émotions, et explique pourquoi la noyade touche 2 catégories de chasseurs :
les débutants et les plus aguerris. J 'ajouterais même que c'est rarement les débutants qui se noient,
parce que la mer est un milieu si hostile et impressionnant.
Ton récit montre que sous la mer, seule reste l'émotion; là ne règnent plus les lois de la raison.
Et ton récit, brutal, est un excellent sujet de réflexion pour un cas pratique d'examen, lors d'une formation d'encadrants de chasse SM.
Pour la sécu, je dirais que ton récit restitue la violence des émotions, et explique pourquoi la noyade touche 2 catégories de chasseurs :
les débutants et les plus aguerris. J 'ajouterais même que c'est rarement les débutants qui se noient,
parce que la mer est un milieu si hostile et impressionnant.
Ton récit montre que sous la mer, seule reste l'émotion; là ne règnent plus les lois de la raison.
Et ton récit, brutal, est un excellent sujet de réflexion pour un cas pratique d'examen, lors d'une formation d'encadrants de chasse SM.
Si tu donnes à quelqu'un un poisson que tu as volé, il mangera une fois.
Si tu lui apprends à voler, il mangera toute sa vie
Philippe GELUCK
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Au kilog près ? Rouget, balance !
VOYAGEUR, j'apprécie ton style depuis longtemps, je commence à apprécier aussi le personnage. Ta tentative d'objectivité est parfois déroutante quand tu décris tes tribulations "au présent de l'indicatif", mais à froid tu montres un vrai recul qui t'honore.
En gros, tu serais un peu la Catherine Millet de la csm : "La vie cynégétique de Benoît V."
VOYAGEUR, j'apprécie ton style depuis longtemps, je commence à apprécier aussi le personnage. Ta tentative d'objectivité est parfois déroutante quand tu décris tes tribulations "au présent de l'indicatif", mais à froid tu montres un vrai recul qui t'honore.
En gros, tu serais un peu la Catherine Millet de la csm : "La vie cynégétique de Benoît V."
FCSMP c'est vous ???
Benoit, c'est ton plus gros poisson, n'est ce pas ?
Le plus gros et le plus beau, le plus difficile, le plus attendu, le plus rêvé;
capturé avec la manière ... tir parfait, une apnée qui défie la logique :
"Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron" ...
Il me semble que les semaines précédantes tu as enchaîné des sorties dures,
avec des conditions difficiles, et des apnées de plus en plus longues.
Que te reste-t-il comme marge de sécu ??
Est ce qu'il t'arrive de faire des tests en piscine (avec sécu, bien entendu) ?
Statique, Dynamique. Et des tests composés : Le Stop&Go : Dynamique avec statique au milieu - ou au premier tiers.
Et le Double Dynamique : distance en apnée - 50m par exemple (il faut que tu aies un peu envie de respirer)
et remonter reprendre 1 SEULE respiration - et repartir en apnée pour aller le plus loin possible.
Le plus gros et le plus beau, le plus difficile, le plus attendu, le plus rêvé;
capturé avec la manière ... tir parfait, une apnée qui défie la logique :
"Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron" ...
Il me semble que les semaines précédantes tu as enchaîné des sorties dures,
avec des conditions difficiles, et des apnées de plus en plus longues.
Que te reste-t-il comme marge de sécu ??
Est ce qu'il t'arrive de faire des tests en piscine (avec sécu, bien entendu) ?
Statique, Dynamique. Et des tests composés : Le Stop&Go : Dynamique avec statique au milieu - ou au premier tiers.
Et le Double Dynamique : distance en apnée - 50m par exemple (il faut que tu aies un peu envie de respirer)
et remonter reprendre 1 SEULE respiration - et repartir en apnée pour aller le plus loin possible.
Dernière modification par Chao-Le le mar. sept. 02, 2008 11:01 am, modifié 1 fois.
Si tu donnes à quelqu'un un poisson que tu as volé, il mangera une fois.
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Bongiorno Chao. Pour l'entrainement piscine.. Ben, bof, pas trop non... Je pourrais nager dans le lagon... Mais je me contente lachement de 30 pompes par jour, de ma chasse du samedi 8 h dans l'eau, surfant sur mes acquis d'ex surfeur décoloré, et d'une séance de bronzage intensif le dimanche pour camoufler ma graisse. ( Grassouillet bronzé, c'est mieux que grassouillet blanc me dit toujours ma femme.)
En fait, nager pour la condition physique, sans chasser, un peu comme pour le vélo, la marche, le treck ou le footing, je cogite trop, je m'ennuie parfois, manque un truc au bout, l'effort physique pour l'effort ne me suffit pas.
Mais enchainer soixante descentes dans la journée avec un fusil au bout des mains... Quel régal!
Pour le poisson, effectivement c'est le plus gros. Sans compter que j'ai été touché par tous les mots de tous, sans dec, ça fait vraiment sympa.
Pour la marge de sécurité sur les apnées, le fait d'avoir rencontré ce poisson en début de session, l'absence de fatigue m'a donné plein pouvoirs pour déconner un brin avec les règles élémentaires d'une apnée cohérente.
Mais toujours, habitude de chasseur solitaire, je limite mes apnées en remontant bien avant d'être en limite d'air, marge < 30 secondes arrivé en surface.
Ce qui s'est passé ce jour là, et qui m'a permis de jouer au yoyo avec le poisson.
Faut savoir aussi qu'avec des poissons tropicaux de grosse taille, il ne s'agit pas seulement d'avoir de l'air pour le tirer, mais également pour gérer le poisson après le tir, éviter qu'il s'enrague, se fasse dévorer...
Et le vrai effort, responsable souvent des problèmes de syncope, c'est dans cette gestion du poisson, quand il faut le contrer à tout pris pour éviter de retourner vers le fond.
Remonter une carangue, même une petite, un mérou ou un thon tiré au fond peu prendre plus de temps, d'air et d'énergie que l'agachon passé à le faire venir. On pense à sa flèche, le pognon qu'elle coûte( 150 euros!), le poisson qu'on peut enraguer trop profond pour y retourner...
Et boum, le gars reste au fond ou ne finit pas sa remontée.
Quand on chasse, l'oeil sur la remontée et l'action aide vraiment à voir ce qu'il faut faire. Et combien de fois on a plongé pour récupérer soit le fusil et finir la remontée du poisson, soit le gars avant qu'il déguste.
Les wahoos, thazards, espadons et marlins, tu t'en fou un peu, tu peux les laisser filer, ils tracent en général en surface.
Encore une raison de plus pour quitter l'agachon sans être au bout de l'apnée, car tirer un tel poisson en bout de capacité équivaut à la cagade systématique.
En fait, nager pour la condition physique, sans chasser, un peu comme pour le vélo, la marche, le treck ou le footing, je cogite trop, je m'ennuie parfois, manque un truc au bout, l'effort physique pour l'effort ne me suffit pas.
Mais enchainer soixante descentes dans la journée avec un fusil au bout des mains... Quel régal!
Pour le poisson, effectivement c'est le plus gros. Sans compter que j'ai été touché par tous les mots de tous, sans dec, ça fait vraiment sympa.
Pour la marge de sécurité sur les apnées, le fait d'avoir rencontré ce poisson en début de session, l'absence de fatigue m'a donné plein pouvoirs pour déconner un brin avec les règles élémentaires d'une apnée cohérente.
Mais toujours, habitude de chasseur solitaire, je limite mes apnées en remontant bien avant d'être en limite d'air, marge < 30 secondes arrivé en surface.
Ce qui s'est passé ce jour là, et qui m'a permis de jouer au yoyo avec le poisson.
Faut savoir aussi qu'avec des poissons tropicaux de grosse taille, il ne s'agit pas seulement d'avoir de l'air pour le tirer, mais également pour gérer le poisson après le tir, éviter qu'il s'enrague, se fasse dévorer...
Et le vrai effort, responsable souvent des problèmes de syncope, c'est dans cette gestion du poisson, quand il faut le contrer à tout pris pour éviter de retourner vers le fond.
Remonter une carangue, même une petite, un mérou ou un thon tiré au fond peu prendre plus de temps, d'air et d'énergie que l'agachon passé à le faire venir. On pense à sa flèche, le pognon qu'elle coûte( 150 euros!), le poisson qu'on peut enraguer trop profond pour y retourner...
Et boum, le gars reste au fond ou ne finit pas sa remontée.
Quand on chasse, l'oeil sur la remontée et l'action aide vraiment à voir ce qu'il faut faire. Et combien de fois on a plongé pour récupérer soit le fusil et finir la remontée du poisson, soit le gars avant qu'il déguste.
Les wahoos, thazards, espadons et marlins, tu t'en fou un peu, tu peux les laisser filer, ils tracent en général en surface.
Encore une raison de plus pour quitter l'agachon sans être au bout de l'apnée, car tirer un tel poisson en bout de capacité équivaut à la cagade systématique.
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beau témoignage et magnifique marlin !
d'accord avec Rouget : j'aimerais pas que ça vire en accident à cause d'un beau gros pépère aperçu tard dans le bleu
en espérant que l'honnêté de tes récits te fasse garder longtemps les pieds sur terre (ou sur l'eau)
d'accord avec Rouget : j'aimerais pas que ça vire en accident à cause d'un beau gros pépère aperçu tard dans le bleu
en espérant que l'honnêté de tes récits te fasse garder longtemps les pieds sur terre (ou sur l'eau)
certains touchent des fonds, nous on touche le fond
En fait, tu es bien "en phase" avec ta pêche et avec ton apnée;VOYAGEUR a écrit :Bongiorno Chao. Pour l'entrainement piscine.. Ben, bof, pas trop non... Je pourrais nager dans le lagon... Mais je me contente lachement de 30 pompes par jour, de ma chasse du samedi 8 h dans l'eau, surfant sur mes acquis d'ex surfeur décoloré, et d'une séance de bronzage intensif le dimanche pour camoufler ma graisse. ( Grassouillet bronzé, c'est mieux que grassouillet blanc me dit toujours ma femme.)
En fait, nager pour la condition physique, sans chasser, un peu comme pour le vélo, la marche, le treck ou le footing, je cogite trop, je m'ennuie parfois, manque un truc au bout, l'effort physique pour l'effort ne me suffit pas.
Mais enchainer soixante descentes dans la journée avec un fusil au bout des mains... Quel régal!(...) .
je n'avais pas la prétention de te donner un programme d'entraînement physique !
Je voulais seulement évoquer des petits tests pour évaluer la marge de sécu ...
mais tu as répondu : tu intégres cette marge dans ton style de chasse
(le contraire m'aurait étonné).
Et puis, tenir en apnée, il y a certes une base physique, mais le plus mystérieux, c'est l'adaptation à l'organisme au manque d'oxygène, qui parvient à bloquer les échanges gazeux à destination des muscles, et mobilise tout l'O2 disponible pour le cerveau.
Si tu donnes à quelqu'un un poisson que tu as volé, il mangera une fois.
Si tu lui apprends à voler, il mangera toute sa vie
Philippe GELUCK
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- scal
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putain qu'c'est beau !!!
splendide prise et expérience
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Le vieux crabe ne supportera plus les invités qui ne se plient pas à la devise!
http://prezi.com/mhyed8fezcmo/presentat ... e-passion/
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- PREDATOR83
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