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Aventures malgaches

Publié : mar. déc. 20, 2011 10:54 am
par seriolekiller
On se fait le coup du soir? J’ai une petite épave à quelques minutes en bateau... Cette sortie, c’est mon cadeau de bienvenue“

Pourtant, on s’était juré de faire cool l premier jour! Mais chassez le naturel, il revient au galop.
Alors qu’il y a encore quelques heures nous étions encore dans l’avion, en plein milieu de notre périple Paris / Marseille / Antanarivo / Nosy be, nous voila en train d’enfiler en hate les combis, chercher au fond des sacs le matériel préparé avec soin depuis des semaines.

Petit flash back... J’avais eu la chance de découvrir Mada l’année précédente, lors d’un inoubliable voyage en famille avec ma femme et mes deux petits bouts de 2 et 4 ans. Séjour détente, avec 4 petites sorties de CSM en compagnie d’Antonin, qui avaient suffit à me motiver pour revenir en découdre plus sérieusement avec la faune aquatique locale.

Predator et Seb n’étant pas disponibles à ces dates, c’est avec Jean Seb, mon cousin, que je décide de tenter l’aventure. S’il n’a pas autant d’heures passées sous l’eau que mes coéquipiers habituels, il a la motivation et une condition physique au dessus de lot, reste d’un récent passé de champion de France de triathlon.
Anto m’avait averti avant le départ que nous partagerions le séjour avec Laurent. Originaire de Cassis, et il partage son temps entre la chasse des loups et daurades des calanques, et des expériences de globe trotter, allant de la Polyénsie à l’Australie. Nous faisons connaissance à l’aéroport en récupérant les bagages, les tubes de transport d’arabalètes faisant office de signe de ralliement. Un autre groupe de chasseurs rejoint Didier Desprat, et nous échangeons quelques mots avant de sauter dans le taxi de Roméo.

Traversée de Nosy be, toutes fenêtres ouvertes. Quel bonheur, en plein mois de novembre, de respirer les odeurs d’Ylang Ylang, de voir les manguiers couverts de fruits, et de retrouver la chaleur des tropiques.
Arrivés dans le petit port, on saute dans le bateau , un coup de moteur, et nous voila enfin débarqués au Nosy Komba Lodge en vrais touristes : blancs comme des fesses de none, la douce impression de mariner dans nos fringues depuis trop longtemps, et les yeux qui piquent de ne pas avoir assez dormis.

Mais on y est : le temps de balancer tous les sacs dans les bungalows (toujours aussi confortables), d’enfiler un maillot de bain, et les vacances commencent enfin....

Un copieux déjeuner sur la terrasse surplombant l’eau, les pieds nus, et les alizés qui se lèvent pour annoncer l’heure de la sieste. Il est ensuite prévu de prendre notre temps pour préparer les affaires pour demain, et d’aller piquer une petite tête pour se rafraichir. Oui mais voila, Anto débarque et nous propose d’aller faire ce fameux coup du soir... Autant proposer à des affamés de passer à table!!!!

Un peu de clapot ne nous permet pas de mettre les gazs, mais nous avons tout le temps de nous équiper. Seul soucis à gérer : l’eau qui risque d’être un peu chaude pour nos combis de 3 mm : 30°c en surface, et à peine quelques degrés de moins au fond!!!

Comme souvent dans la baie, l’eau n’est pas très claire, juste ce qu’il faut pour que le poisson approche vraiment. Anto mouille en tête de l’épave, et nous voila au cul de bateau en train de nous ventiler, un léger courant de surface nous décalant à chaque descente.

Pas le temps de faire un premier canard, qu’un banc de barras montent nous voir. Petit clin d’oeil à Jean Seb, et le voila qui coule sur le banc : première apnée, premier tir et premier poisson!!! Il y a pire comme entrée en matière ☺

Entre la fin de saison, le boulot, le bateau en panne, les intempéries dans le sud et une crève tenace, je n’ai pas eu le temps de me remettre à niveau avant de partir. Mais l’eau chaude et les poissons motivent tout le monde, et même si un peu plus d’aisance pendant le séjour n’aurait pas fait de mal, pas besoin de battre des records d’apnée pour faire du poisson.
L’épave repose surr 18m, mais la plupart des poissons se font entre deux eaux. Quelques tirs en plus sur des barras et des carangues, et nous voila sur le chemin du retour.

On entre alors dans une routine qui sera la notre tout le séjour, et qui nous va très très bien : douche, on enfile un T-shirt propre, et nous rendons honneur à la bière locale (la THB en bouteille de 65cl).
Delphine, en parfaite maitresse de maison nous annonce le menu, et Jacques le cuisinier nous régalera tous les jours. Moi qui comptait sur ce petit break pour perdre un peu de poids, c’est raté!!! Même si nous avons essentiellement mangé le produit de nos pêches, toutes les petites douceurs avant et après nous ont souvent conduit à manger plus par gourmandise que par faim (Hein Laurent, les tartes à la banane!!).

Petit debrief d’Anto sur le séjour : à notre demande, il nous a concocté un programme alternant sorties dans la baie, sorties sur des secs plus au large, et enfin une journée intercalée sur le Banc du serpent, nettement plus au large. Et en bonus une petite surprise pour la fin du séjour...

Les sorties dans la baie se font sur son bateau. Une petite coque très pratique de 5 m20, motorisée en 25CV, nous permet d’accéder à tous les spots situés entre 5 et 30 mn du lodge. Se sont souvent des épaves, des patates de corail ou des secs entre 10 et 25 m de fond.
La chasse est assez déroutante pour nous, car la première règle est de ne PAS être discret. Les agachons se font en pleine eau, ou quelques mètres au dessus du fond, les poissons pouvant arriver de tous les cotés : barras, thazards et carangues en pleine eau, carpes rouges, cobia ou même une belle igno plus au fond.
D’un commun accord, nous laisserons tranquille pendant le séjour les loches et les merous patate.

Le fait d’être 4 nous permet soit de former 2 binomes, soit de chasser à 3 avec Anto pour assurer l’intendance. Ayant investi dans un masque Liquid Image, il passera aussi pas mal de temps à nous filmer sous l’eau : sympa le soir de pouvoir illustrer le debrief du soir en regardant nos exploits de la journée.

Le premier jour, nous tournons dans la baie, ce qui nous permet de prendre nos marques, de nous familiariser avec le matos, de régler les tirs. Après un petit dej pris en chemin, nous enchainons épaves et récifs de corail.

L’eau n’est pas très claire, mais cela permet au poisson d’approcher relativement près. Pas de monstres, mais une grande diversité de prises, et surtout il se passe quelque chose quasiment à chaque apnée. On commence avec les bancs de barras, auxquels se mêlent bientot les carangues. Qelques tazards pris en pleine eau, une première babonne dans les patates (la fameuse et gouteuse truite de corail), et pour clore la journée, Anto nous gratifie de la prise d’un joli cobia au milieu d’un mur de petits barras.

Retour à la casa, fourbus mais avec des images plein la tête. On choisi le poisson qui sera mangé le jour même. Le reste est donné à un pêcheur du coin. Afin de ne pas se mettre en porte à faux avec les locaux, Anto redonne tous les poissons pêchés afin qu’il soit vendu à NOsy Be. L’argent récolté est donné à l’école du village voisin, les profs n’étant plus payés depuis des mois.
Même si on sait que le poisson n’est donc pas gaché, on s’est tous attaché à ne pas tirer sur tout ce qui nage. Dans cet esprit, j’ai été surpris comme le fait de filmer peut aussi changer les comportements. Quand je chassais au Rob Allen, j’avais fixé sur le fut une petite caméra Midland. Souvent, je me suis surpris à m’être plus concentré à fimer qu’à tirer . Le fait de pouvoir immortaliser certaines scènes sous l’eau permet de retenir son tir, en préférant ramener une petite vidéo sympa plutot qu’un poisson de plus, surtout s’il n’est pas de taille énorme.
Quelque part, avoir le poisson à portée de tir et le filmer valide en partie l’action de chasse, que ce soit à la coulée ou à l’agachon.

Une fois la sieste finie, les choses sérieuses commencent : on sort les float lines, les bouées, et on attaque les montages... . Demain, première sortie au large pour chercher les thons dents de chien, un des objectifs avoués du voyage.
Si je maitrise plutot pas mal tout ce qui se rapporte au moulinet, là on avance un peu à tâtons. Anto est là pour nous donner tous les conseils possibles. On découvre l’intérêt du montage en dérivation pour la float line, la bonne façon de fixer une tête détachable. Ce manque d’expérience me stresse un peu, car je desteste ne pas être sûr de mon matériel. En même temps, à moins de vivre sur place ou d’enchainer les voyages, on n’a pas souvent l’occasion d’utiliser ces montages chez nous.
Jean Seb monte son RA 140 en break away, et je suis équipé avec mon vieil Azimuth 120, mais équipé d’une pointe détachable kito et de 4 sandows de 14.

Pour l’occasion, Anto a loué un bateau plus grand, avec un taux et surtout un 140 cv qui nous permet dêtre beacoup plus vite sur place. Deux marins à bord, qui nous permettront de former 2 binomes.

On découvre alors la technique que nous allons appliquer pendant toutes nos sorties au large. Deux équipiers à l’avant du bateau, 2 à l’arrière, chaque équipe étant larguée à une cinquantaine de mètres l’une de l’autre.
La chasse se fait en dérive. On attaque sur des fonds de 50 à 100 mètres, le courant nous emmenant doucement vers le récif. Le début de la dérive se fait donc dans le bleu (qui n’est pas si clair que cela), les yeux rivés sur le flasher, ou en effectuant quelques coulées.
Pas beaucoup de vie sur ces grands fonds, mis à part quelques tazards et un requin qui fera une visite express à Jean Seb et Laurent, leur filant un petit coup de stress au passage.

La pression monte lorsque nous apercevons le poisson fourrage qui vient casser la monotonie du bleu : d’abord les nasons et chirurguens, puis les fusiliers. C’est le signal : le fond remonte, nous sommes sur le bord du tombant, et c’est là que tout se joue.
Chacun fait son canard, et à mesure de la descente, le fond apparait. En une apnée, on passe de 35 à 15 m de fond, en espérant bien sur voir monter un gros TDC, une igno énorme ou un tazard. Avec le courant, toute la vie semble concentrée sur ces remontées.

SI la théorie est acquise, reste la mise en pratique. Assis dans son canapé, la technique parait facile. Mais une fois dans l’eau, comme d’habitude, on comprend vite qu’il faut du temps avant de maitriser tout ce qui est nouveau.... Gérer le courant, le flasher dans une main, la float line dont on essaye qu’elle ne se prenne ni dans les jambes ni autour du bras, le coéquipier qu’il ne faut pas perdre de vue. Tout cela en restant concentré sur les poissons....

Au premier passage, j’aperçois en fin d’apnée un magnifique thon qui doit approcher les 40kg. Il glisse vers le fond alors que je m’apprête à rejoindre la surface. De bonne augure, même si c’est le seul de ce gabarit que nous verrons pendant le séjour.

Au fil des dérives, les gestes sont un peu mieux maitrisés, et les premiers tirs sont enfin déclenchés. Un beau tazard, puis les premiers TDC. PAs de monstres, mais des poissons entre 5 et 10kg, qui nous dont comprendre toute la puissance qu’ils arrivent à développer. Même de petites tailles, lorsqu’ils ne sont pas bien tirés, ils arrivent à couler une bouée : impressionnant!!

Autre différence : chez nous, un poisson tiré est sorti presque à chaque coup, à moins de se déchirer. Ici, une fois tiré, une bonne partie du boulot reste à faire. Si au moment du tir on n’arrive pas à saisir la float line et à controler la fuite du poisson, il y a de fortes chances qu’il aille se frotter au fond. Et les patates de corail ne pardonnent pas grand chose : soit elles coupent tout, soit si le fil tient, on obtient un joyeux mer...ier. Et aller déraguer une flèche bloquée sur 25m de fond avec un jus d’enfer, cela ressemble à tout sauf à une partie de plaisir.
Anto sera salutaire à ce petit jeu, et nous permettra de récuperer une bonne partie de nos montages. Sans lui, nous aurions laissé un peu d’inox au fond.

Vers 14h, on arrête les hostilités. D’abord car la route de retour est longue, mais aussi pour garder un peu de forces pour la sortie de demain : le banc du Serpent.
Je prie pour que ces maudits sinus ne me jouent plus de tour. Depuis le début, je carbure au Dérinox, et à chaque descente, ils me jouent les grandes orgues. J’espère que tout rentrera en ordre pendant la nuit. C’est toujours frustrant de ne pas être en forme pendant un tel voayge qu’on attend et prépare depuis des mois.... Mais c’est le jeu, ma bonne Lucette, et il faut faire avec.

Le banc du Serpent doit constituer un des moments forts de notre aventure. C’est le sec le plus au large sur lequel nous monterons, et c’est là que nous sommes sensés croiser les monstres qui hantent nos rêves.
Le matin, nosu embarquons sur un bateau encore la taille au dessus. De conception locale, il est très confortable en naviguation, et surtout dispose de deux larges ouvertures à l’arrière qui nous permettent de nous mettre à l’eau et de remonter facilement. Le skipper, qui bosse à l’occasion avec Anto, est considéré comme le meilleur guide de pêche malgache de l’ile. Il a répertorié des milleurs de points GPS, et a un sens de l’eau incroyable. Il ne lui reste plus maintenant qu’à se familiariser avec la CSM et les contraintes de notre pratique.

Le proprio du bateau nous accompagne, curieux de voir comment nous allons aborder ce lieu mythique. Alors que nous commençons à enfiler nos combis, il nous raconte comment il y a quelques semaines, ils ont combattu à la ligne un beau requin tigre dépassant les 500 kgs avant qu’il ne casse au bateau. Il a été revu par plusieurs pêcheurs, mais pas de soucis, il est plutot gentil et ne représente pas de vraie menace.

C’est marrant comme dans ces conditions, j’ai beaucoup de mal à associer les mots requin de tigre de 500kg et gentil ou inoffensif.

Petit rire jaune avant de se mettre à l’eau, mais l’idée de croiser un gros TDC reprend vite le dessus, et nous enchainons les agachons de pleine eau.

Anto connait moins ce secteur très éloigné de son jardin, et nous n’arrivons pas à tomber sur des endroits avec beaucoup de vie. Enfin, nous sommes au dessus d’un plateau coralien qui à l’air un peu plus interessant. Sur un agachon, un petit TDC me tourne autour. J’ajuste et tir. Plein fer, mais le mini ice pick Riffe que j’ai monté se bloque et le thon se libère. J’enrage contre ces foutues pointes détachables que je ne maitrise pas, et avec lesquelles j’ai plus de déception qu’autre chose.
Je fonce au bateau pour changer de flèche, et repasser sur une trygon qui a fait ses preuves. Je la torderai peut être sur un gros poissons, mais au moins elle ne me trahira pas.
ALors que je suis sur le pont en train de degrafer mon fil, le skipper hurle à l’adresse de mes coéquipiers restés dans l’eau : Espadons!!!!! Je tourne la tête, et juste derrière eux, plusieurs voiles sortent de l’eau et leur viennent droit dessus....
Alors que je suis déjà très énervé, je passe en mode fou de rage : je suis en train de changer de flèches alors que les plus beaux poissons du séjour sont à quelques mètres de nous. J’hésite entre fracasser mon fusil sur le plat bord du bateau, ou m’empaler sur la trygon en geste de desespoir.
Tout ceci sans quitter des yeux mes potes restés dans l’eau. Pour eux aussi tout va très vite : Laurent est aux avant postes et se retrouve face à 7 voiliers magnifiques. Lui pour qui le plus gros poisson tiré est un loup va vivre l’action de sa vie. Il déclenche un tir plein corps sur l’espadon le plus proche. Transpersé de part en part, il démarre et Laurent sait que le plus dur est fait. Sauf que.... le raccord float line / bouée de tient pas, et notre héro du jour se retrouve avec sa bouée flottante seule et ses yeux pour pleurer.

De son côté, Anto qui a pour habitude de flinguer un tazard en bout de portée manque son tir de façon incomprehénsible. Enfin, JeanSeb ne peut que voir les poissons passer à Mach 2 sans pouvoir déclencher un tir.

Retour au bateau : espadons 1, chasseurs 0. Les sentiments se mélangent, entre frustration, rage, bonheur d’avoir assisté à un tel spectacle. Laurent est blanc, et perd toute motivation. Il vient de perdre le poisson de vie.

SOudain un cri nous sort de notre coma émotionnel : Espadons!!!! Une nouvelle voiele crève la surface au milieu d’une chasse. Nosu comprennons alors que la zone est pleines de voiliers. Toute le reste de la journée va donc consistuer à courire après les chasses et à se mettre à l’eau en remontant vers les poissons à la palmes.

A chaque mise à l’eau, le coeur bat à 200. Je troque le gros fusil bois pour un RA 130 avec moulinet. Beaucoup plus maniable, et surtout le voilier fuyant en surface, je en risque pas grand chose. Et puis, ce sera sport de se faire trainer ☺

L’eau n’est pas très claire, et souvent, alors que les espadons doivent nous tourner autour, nous ne les apercevons pas. Je commence à desespérer, conscient que nous avons une chance unique de faire un des ces poissons exceptionnel.

Alors que nous nageons avec Jean Seb, deux coryphènes passent entre nous. Couleurs superbes, nage nerveuse... je tire le male qui se mets à tourner en surface. Jean Seb le suit et arrive à ajuster la femelle. Un joli doublé et une premiere pour nous.

On remonte à bord pour faire quelques photos tant que les poissons ont encore leur couleur dorée. Mais soudain, une chasse éclate juste à coté de nous. Je saute à l’eau. Les autes pourraient presque tirer depuis le bateau.
Spectacle magnifique : trois superbes espadons sont juste en face de mois. Ils sondent dès qu’ils m’aperçoivent, et il me manque 2 m pour pouvoir déclencher un tir efficace. Ils remontent doucement et je commence à couler sur le plus proche. Il tourne doucement et recommence à descendre. Je le suis et accélère doucement le palmage. Encore 2m et je suis bon. Mes poumons brulent. Depuis ma mise à l’eau, mon coeur bat la chamade et je n’ai absolument pas pu me ventiler.
Le voilier accélerent et disparait dans le bleu. Je remonte et crève la surface. J’ai envie de hurler, de pleurer, et en même temps, j’ai cette image incroyable des trois espadons me faisant face. Je viens de toucher du doigt un rêve de gosse, sans pouvoir le réaliser.

Le retour se fait sans un mot. Ces trois derniers jours ont été riches en émotion, et nous sommes rincés. Avec un peu plus de réussite et de d’expérience, cette sortie aurait pu être une véritable apothéose. Mais bon, nous étions venus chercher des sensations, et nous avons été servis....

Le lendemain, courte grasse mat et petit déjeuner face à la mer. Cette journée va faire du bien aux organismes, du moins c’est ce que nous pensons. Anto nous propose de partir avec un gars du village, et de rejoindre le village principal en passant par l’intérieur de l’ile.
A priori, une petite balade d’1h30 dans la forêt, c’est plutot sympa.... Nous partant en blaguant, le moral est au beau fixe, et nous sommes ravis de découvrir l’intérieur des terres. Au bout de quelques minutes, nous n’échangeons plus un mot!!! 600 m de dénivelé, 40°c de chaleur moite, un sol rendu glissant par les pluies de la nuit... Alors que notre guide est en sandale et semble faire une petite marche digestive, nous sommes langue pendante, trempée de sueur, et avec le coeur qui bat à s’en faire pêter la poitrine. Je mets cela sur mon état de forme au plus bas et mon statut du doyen du groupe, mais le fait de voir Jean Seb et Laurent dans le même état me rassure un peu.
L’ascension dure un peu plus de 30mn. Heureusement, une fois arrivés au sommet de la colline, il n’y a plus que de la descente, et on commence à profiter un peu de la nature qui nous entoure. En plus d’une petite tortue, nous verrons beaucoup de couleuvres noires. Je ne sais pas quel est le nom scientifique de ces serpents, mais le côté forêt tropicale + gros serpents suffit à faire travailler notre imaginaire, et surtout à redoubler d’attention chaque fois que nous mettons la main par terrre, ou qu’il faut aggriper une branche pour s’aider à descendre. Croyant sur parole notre hote local, il n’y a pas de risque et elles ne sont pas dangeureuses. Il s’avère en fait qu’elles ont un poison redoutable, mais que leurs crochets sont situés tellement profondemment dans la bouche, qu’elles ne peuvent pas ‚injecter sur une morsure classique d’un bras ou d’une jambe.
Bref, on fait quand même très attention. Mais c’est surtout la flore qui est incroyable. Dans l’espace de cette petite marche, nous verrons tous les fruits possibles : mangue, banane, papaye, goyave, coco, ananas sauvage, mais aussi des piments, de la vanille, du café, du poivre. Bref, chaque plante ou presque parait commestible. Et impossible de se lasser des odeurs d’Ylang que nous croisons tout le long du chemin.

Nous essayons de garder un bon rythme pendant la descente, afin de rester dans les temps annoncés par Anto. Nous restons calés dans les pas du guide, mais notre fierté de sportif en prend un vilain coup quand nous nous faisons doubler par un groupe de petits écoliers, tous agés de 8 à 12 ans. Ils habitent en haut de la colline, et se font le chemin deux fois par jour pour aller étudier. Ce que nous appelons une excursion s’appelle pour eux le chemin de l’école. C’est promis, dès que je rentre, je re-attaque la course à pied....

Arrivé à bon port, nous sommes dans le villa principal de Nosy Komba. Petit passage obligé pour voir les fameux maki, car après tout nous sommes sur l’ile au Lémuriens. Séance photo avec nos amis poilus qui viennent manger des morceaux de babane sur nos épaules, avant d’aller voir un petit parc dans lequel sont gardés en liberté tous les échantillons de la faune locale : boa, tortues et surtout l’emblématique caméleon. J’apprendrai avec suprise que les locaux ne l’apprécie guère, car le fait d’en trouver un mort chez soi est signe d’un grand malheur à venir.

Un des avantages de Mada, c’est de pouvoir profiter de la vie locale à moindre cout. Après un petit shopping souvenirs & épices, nous nous installons royalement dans le meilleur restaurant du coin (non sans avoir pris soin d’enfiler un T-shirt propre). C’est une grande paillotte en hauteur, surplombant la mer. Tout est propre, le service impeccable, le repas très copieux, le tout pour 12 euros par personne. Il aurait été dommage de se priver....

Les jours suivants, nous enchainons sorties dans la baie et sur le sec à TDC. Pas de gros poissons, mais beaucoup de rencontres sympas : requins, raies, tortues à gogo, et bien sur tazards, barras et carangues.

Un des poissons que l’on trouve en bas du récif est la truite de corail. Si elle peut parfois être très nonchanlente et devenir une proie facile, les grosses peuvent aussi se tenir à distance, et devenir une capture très interesssante.
Ses couleurs magniques et sa chair gouteuse en feront un poisson qui nous a souvent occupé quand les TDC étaient absents. En fin de sortie, Anto remonte d’une apnée avec un superbe spécimen, parfaitement tiré. Il la laisse tourner une dizaine de mètres sous nos palmes, et j’en profite pour la fimer un peu. C’est alors que monte du fond sa congénère qui vient lui touner autour. Elle est énorme, en tous les cas plus grosse que celle d’Anto. Sur de moi, j’allume la caméra et descend sur elle. Je pense déjà aux images que cela va faire, et à ce double de babones qui restera dans les annales. Sauf que.... je fais un superbe tir foireux qui ne touche même pas le poisson. Le tout filmé, bien sur, histoire que je puisse me morfondre un peu plus le soir en regardant la vidéo.

Dommage, car le poisson d’Anto affichera un impresionnant 14.5 kg au pesant, me laissant beaucoup de regrets.

Encore une petite journée de repos, et cette fois, nous allons à Hellville, l’agglomération principale de Nosy Be. On pase de boutique en boutique, on flane au marché en négociant les épices et les sacs de vanille, puis vient la mission flasher. Lors de la sortie sur le banc du serpent, notre dernier flasher a disparu dans le courant. Après les magasins pour touristes, nous attaquons les petites boutiques locales, en cherchant tout ce qui brille de prêt ou de loin. On pousse jusqu’à la quincaillerie locale où nous récupérons du chaterton et des gros boulons. Mais toujours rien à mettre dessus. Finalement, dans un minuscule magasin, je repère un pneu de scooter emballé dans du papier brillant. Petite négociation avec le patron, et le voila en train de dérouler toute la bande autour du pneu.
On finit notre tour dans les restaurant Papillon autour d’un repas monumental que Sana et Béru n’auraient pas renier, et qui s’achève par une dégustation des rhums arrangés de la maison. Ayant bien sympathisé avec le serveur, et après avoir royalement réglé notre addition de 20 euros par personne, j’arrive à me faire refourger deux poches de cubi vides qui complètent notre fourniture pour les flashers. Retour au lodge afin de préparer au mieux l’apéro du soir et le diner.

Le séjour touche à son fin, et si nous avons pu croiser de beaux poissons, il nous reste de ne pas avoir fait LA sortie pour repartir sans aucun regret. Et c’est là que notre hote nous sors un dernier as de sa manche : demain, départ pour la patate magique!!!!
Environ 70m de large, une tête qui culmine à 25 m, et tous les poissons de la baie : barras, tazards, igno, carpes rouges, babonnes, mais pas de TDC.

On repasse sur les fusils classiques avec moulinets, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Même si nous sommes le deuxième groupe de chasseurs à mouiller les palmes sur l’endroit, nous sommes un peu sceptiques et préféront ne pas crier victoire trop tot. Cela reste de la CSM, et le poisson pourrait ne pas être au RDV.

Mise à l’eau et première descente de Jean Seb. Il tire et rate. J’enchaine à mon tour, et je veux voir par moi-même. Et là commence la plus belle journée du séjour... A peine arrivé à une quinzaine de mètres de fond, un gros banc de tazards de vient dessus. J’assure mon tir, le poisson prend un peu de fil, et c’est alors que montent du fond des barras, deux igno très énervées, et beaucoup d’autres poissons que je n’ai pas le temps d’identifier.
Les apnées s’enchainent, les poissons aussi. Anto laisse son fusil et nous filme dans nos oeuvres. La diversité des prises est géniale : toutes les espèces annoncées sont capturées, avec en plus un superbe perroquet, des aprions et plusieurs espèces de carangues.
Tout le monde s’éclate, et l’eau est suffisement claire pour faire le plein de vidéos. Anto, avec qui nous avons eu de grandes discussions sur l’utilité du moulinet de ceinture, illustre le propos en se faisant arraché son fusil des mains par une belle igno, le fil coincé en tête par l’émerillon. Il retrouvera son fusil quelques apnées plus tard, mais sans le poisson.

Le sortie touche à sa fin. Petite séance photo, grands sourires sur tous les visages, et pendant le trajet du retour, chacun y va de sa petite anectode ou de son hisoire.

Le repas est d’humeur joyeuse, et la bière coule à flot.

Dernière sortie le lendemain, dans la baie. Laurent ne se joint pas à nous, ses sinus l’ayant définitivement laché.
Dernières prises, derniers bancs de barras, et une belle carague inox qui m’arrivera par derrière sans que je puisse la tirer, comme pour me montrer qu’il y a encore beaucoup de belles choses à faire dans ces eaux.

Comme souvent avec les bonnes choses, notre petit séjour est passé beaucoup trop vite. Le voyage retour se fera sans encombre, et notre connection Nosy Komba / Antananarivo ayant du retard, nous ne pourrons pas être tous les trois ensemble dans l’avion pour la France. Pas grave, c’est un vol de nuit, et chacun de nous écrase d’un profond sommeil avant de retrouver le froid et la grisaille.

Ce deuxième séjour, si il a été dans son ensemble une réussite, m’a confirmé pas mal de choses... D’abord la qualité de l’endroit. Mada est un pays magnifique, les gens d’une gentillesse incroyable, et ils vous laissent participer à leur vie quotidienne avec plaisir.

Nosy Komba est petite ile à part, et pour qui veut couper un peu du boulot, du stress, le tout dans cadre féérique, c’est juste parfait. Le lodge d’Anto et Delphine est un des meilleurs de l’ile, et le fait qu’il soit si petit rend tout le service vraiment personnalisé. Comme je l’avais déjà écrit, Anto est un vrai guide de chasse, c’es-à-dire qu’il est là pour faire prendre du poisson à ses clients, et non pour leur faire une démonstration de ses capacités de chasseur.
Tout le monde peut faire du poisson, quelque soit son niveau. Biensur, un peu d’aisance en apnée offre plus de possibilités, surtout sur les sorties au large. Mais bon, on peut aussi tirer un sailfish ou un marlin depuis la surface.....

Le potentiel de poisson est incroyable, et je ne pense pas qu’il soit possible de rentrer bredouille. En revanche, comme partout, les belles pêches se méritent, surtout si on cible certains poissons comme les thons ou les pélagiques. Attention aussi à se donner un minimum d’éthique, et à ne pas tomber dans la facilité. Sur certains poissons comme les barras ou les mérous, on peut faire de véritables cartons, à en faire déborder le bateau. Quant à l’intérêt d’une telle pêche....???
Un petit mot concernant la technique. Les méthodes de pêche utilisées sont très variées, que ce soit à l’agachon dans la baie, ou dans le bleu en dérive avec le flasher. Mais tout comme on ne devient pas un bon chasseur de dentis en 1 semaine, on comprend qu’il faut du temps avant de vraiment maitriser ces pêches. Le comportement des poissons n“est pas le même, et le matos utilisé est très différent : float line, bungee, pointe détachable, etc... C’est sur, la prochaine fois, je ferai différemment et je me servirai de cette expérience. Pour 95% des cas, un bon 130 carbone avec un moulinet qui tient la route fait parfaitement l’affaire. Le 130 RA carbone reste pour moi la référence pour ces destinations, notamment du fait de la qualité des flèches.

J’espère pouvoir retourner un jour à Mada, même si à chaque voyage se pose la question de décourvir un nouve endroit ou de repartir sur une destination connue.
Cette fois, je n’irai que pour les gros, en espérant croiser enfin la route d’un gros TDC ou d’un poisson à rostre. Et j’irai aussi surement découvrir le mythique banc du Castor.

Juste après notre départ, Anto m’a fait part de leur intention d’aggrandir un peu le lodge, afin de pouvoir accueillir un peu plus de monde. Pas forcemment plus de chasseurs, car il préfère encadrer des petits groupes, mais surtout pour les familles ou les copines. Sympa de pouvoir concillier CSM et vacances tous ensemble.
Surtout, j’ai reçu les photos de son nouveau bateau : plus grand, plus rapide, et bientot équipé d’un lecteur de carte / GPS digne de ce nom. Ca risque de faire très mal.....

Voila, une belle aventure se termine, pleine de souvenirs, de beaux moments d’amitié, de bonnes bouffes, de soleil, d’eau chaude et de bière fraiche, de gros poissons tirés ou manqués. Bref, tous les ingrédients de vraies vacances, et un petit stocks de photos et de vidéos pour tenir jusqu’à la prochaine fois.


Les photos à suivre....

Re: Aventures malgaches

Publié : mar. déc. 20, 2011 11:10 am
par rouget
quel plaisir à lire :D
ça fait rêver :itsgood:

Re: Aventures malgaches

Publié : mar. déc. 20, 2011 11:39 am
par PIT06
Un régal :itsgood:
Merci pour le partage :itsgood:

Re: Aventures malgaches

Publié : mar. déc. 20, 2011 11:39 am
par Geronimo
Vraiment superbe sa donne envie , pour l'espadon perdu par ton pote c'est vraiment les boules , d'où l'importance du matériel :master: :itsgood:

Re: Aventures malgaches

Publié : mar. déc. 20, 2011 11:50 am
par savoyard
:itsgood:

Re: Aventures malgaches

Publié : mar. déc. 20, 2011 11:59 am
par roucaou83
Le plus beau récit qui m'est été donné de lire depuis que je suis sur spearboy :shock: :cupid: :cupid: :cupid:

Tout y est,l'espace d'un moment je crois que je me suis vu parmi vous :lol:
Non sérieux,des descriptions de la faune et de la flore,en passant par les techniques utilisées,la sécurité au top,l'éthique partagée et le passages des voiliers et autres espadons,tout est hallucinant :shock:

Tu m'as vraiment fait passer un moment plus que délectable,mille merci pour ce fabuleux CR :master:

Re: Aventures malgaches

Publié : mar. déc. 20, 2011 12:16 pm
par jonybegood
:cupid: :cupid:

Génial!

Re: Aventures malgaches

Publié : mar. déc. 20, 2011 12:34 pm
par Chao-Le
Splendide séjour ! Et le récit dégage une harmonie, une vision de la pêche que j'aime bien, et qui résume l'esprit de ces sorties ...
J'aime bien aussi toute l'histoire de ces petits loupés : et pourtant, c'est un excellent chasseur !
Au niveau matos : finalement, tu abandonnes l'Azimuth 120, au profit du RA 130 (plus maniable, plus fonctionnel ???)


Et pour finir, j'ai gardé une jolie comparaison : "blanc comme les fesses d'une nonne" ...

Que voilà de la belle littérature ! :master: :master: :master: :master:

Re: Aventures malgaches

Publié : mar. déc. 20, 2011 1:13 pm
par adrien83
:shock: :shock:

YEAHHH :itsgood: :itsgood: :itsgood:

Re: Aventures malgaches

Publié : mar. déc. 20, 2011 1:24 pm
par solo83
Superbe récit de chasse tropicale!! :itsgood:
Vivement les photos subhappy

Au niveau finances, est-il possible d'avoir un ordre d'idée, STP? :arrow: MP :wink:

Re: Aventures malgaches

Publié : mar. déc. 20, 2011 1:47 pm
par Memo93
Que dire de plus c'est magnifiquement narrée. Merci pour le partage :itsgood:

Re: Aventures malgaches

Publié : mar. déc. 20, 2011 2:34 pm
par pluto
Les doigts ont dû chauffer sur le clavier, mais quel plaisir à lire.... :itsgood:

Re: Aventures malgaches

Publié : mar. déc. 20, 2011 3:48 pm
par FRED 83
:itsgood:

ça fait du bien de rever d'eau chaude et poissonneuse...surtout en ce moment :wink:

Re: Aventures malgaches

Publié : mar. déc. 20, 2011 4:02 pm
par -morgan-
:itsgood: Ça donne très envie....


:roll: Ah oui j'allais oublier... j'ai mon billet pour Madagascar pour cet été ! 8)

Re: Aventures malgaches

Publié : mar. déc. 20, 2011 4:07 pm
par Baodou
Magnifique récit :cupid:
Un grand merci pour le partage :itsgood:

Re: Aventures malgaches

Publié : mar. déc. 20, 2011 4:51 pm
par cedric
ca donne envie

Re: Aventures malgaches

Publié : mar. déc. 20, 2011 6:03 pm
par chasseur83
nico , j'ai eut le plaisir de t'entendre raconter ton periple de vive voix :itsgood: c'est des instants de partage subblime que tu sais mettre en valeur :master: :master: :master:

le lire maintenant fait prendre conscience de la joie et le bonheur que tu as vecu :itsgood:

ps : si je repasse cette semaine on aura l'occasion d'en reparler :lol: dis a ton chef de faire des commandes !!!

Re: Aventures malgaches

Publié : mar. déc. 20, 2011 7:33 pm
par le relais
Très beau récit :itsgood: Bravo :wink:

Re: Aventures malgaches

Publié : mar. déc. 20, 2011 8:52 pm
par nono83
Magnifique récit qui fait du bien à l imaginaire ! :master:
Merci pour la ballade :itsgood:
Mon passage préféré : :lol: :lol: :lol:
seriolekiller a écrit : Alors que nous commençons à enfiler nos combis, il nous raconte comment il y a quelques semaines, ils ont combattu à la ligne un beau requin tigre dépassant les 500 kgs avant qu’il ne casse au bateau. Il a été revu par plusieurs pêcheurs, mais pas de soucis, il est plutot gentil et ne représente pas de vraie menace.
Ca mériterait pas d être déplacer dans les " histoires vécues " :?:

Re: Aventures malgaches

Publié : mar. déc. 20, 2011 9:55 pm
par tête d anchois
Félicitations pour cette prose Très prenante, un vrai délice.
Maintenant, il ne reste plus qu'à tenter l aventure.