J’ai eu une galère avec mes arbalètes, déclarées comme « armes à feu ».
Tout a commencé par un excédent de bagages à Roissy.
- « Monsieur, vous êtes en excédent de bagage, vous devez payer un excédent»
- « 56 € par kilos ! Vous me mettez le couteau sous la gorge ! D’accord pour payer un excédent, c’est normal. Mais à ce prix là, je n’imaginais pas ! Je vais en parler à mon voyagiste : j’ai pris mon billet sur internet, j’ai choisi le meilleur prix ; et nulle part il n’est mentionné que le kilo de bagages supplémentaire est à un tarif aussi exorbitant !. 560 € ! C’est presque plus cher que ce que j’ai payé sur internet pour l’aller-retour !
- « Monsieur, le baril de pétrole est à 110 US$. Le tarif du kilo d’excédent, c’est 1,5% du prix du billet AR première classe … »
- 1,5% du tarif Première classe ? Je n’ai pas été averti du tarif première classe ! Tout ce que je connais du tarif, c’est le « classe économique » que j’ai consulté sur internet : Go Voyages, Lastminute, Kelkoo … »
Le ton monte.
Une blonde en uniforme, type Nordique, avec badge de la Cathay Pacific (la compagnie aérienne) intervient. Sèche, des lunettes, des lèvres minces, l'oeil bleu pâle et l'air sévère. Elle me lance un sale regard, et sort une étiquette « FIREARMS» pour la housse d’arbalètes;
L'étiquette, avec une carabine en silhouette, énonce :
« I confirm that the firearms or ammunitions … are for sporting purposes »
Je fais observer qu’il ne s’agit pas d’armes à feu.
La responsable insiste ; je sens que mon étui d’arbalètes restera à terre si je refuse de signer.
Elle écrit « FISHING GUNS » sur l’étiquette ; je rajoute le mot « Rubber », et signe.
Et paye l’excédent : 560 € !
A Hong-Kong, ou je suis en transit pour Phnom-Penh, je suis attendu.
Quand je débarque de l’avion, à 7h30 du matin, hagard de 11 heures d’avion sans dormir, on m’attend avec une pancarte à mon nom. Je sors de la file des passagers, pour suivre l’employé à la pancarte. On part en voiture, pour un long trajet jusqu’à un local, où deux hommes des douanes amènent ma housse d’arbalètes (avec la fameuse étiquette), avec un garde armé d’un PM automatique à lunette et pointeur laser ! Quatre autres douaniers les rejoignent avec trois autres gardes armés du fameux PM automatique à lunette et pointeur laser, pour que j’ouvre la housse d’arbalètes ! Les douaniers prennent des photos … On m’explique que la réglementation à Hong-Kong interdit l’importation d’armes. Je réponds que ma destination finale est le Cambodge, pas Hong-Kong où je suis simplement en transit et où je n’ai pas accès à mes bagages, puisque c’est la compagnie aérienne qui se charge des transferts. On me demande alors les autorisations pour ces armes.
Heureusement, j’avais un numéro d’APNEA :
-« Voyez, c’est pour pêcher ! C’est pas des armes à feu ! En France, c’est en vente libre en grande surface, et parfaitement légal». Il y avait un Australien, qui faisait partie du staff de la douane : "Oui, c’est comme en Australie". Mais les douaniers Chinois ne sont pas convaincus, et me posent la question à plusieurs reprises.
Et ensuite la question : « Est-ce que c’est autorisé au Cambodge ?? »
Pendant ce temps, l’heure tournait.
Personne ne s'inquiète de ma correspondance !
Il est 9h00, du matin. J’ai raté l’avion, qui s’envolait pour Phnom-Penh sans moi !
La PAF de Hong-Kong téléphone au Consulat du Cambodge : Douaniers : "Ce matériel est interdit au Cambodge »
Moi : - "Non, c’est faux ! J’ai déjà été chasser au Cambodge, personne ne m’a rien demandé, et les Français du Cambodge vont chasser régulièrement ».
Réponse de l’officiel de la PAF : « J’ai téléphoné au Consulat. C’est leur réponse que l’on doit prendre en compte. Vos fusils resteront à Hong-Kong »
Je réponds que je n’irai pas sans mes arbalètes. Dans ce cas, je renoncerai à mon voyage et retournerai en France !
La PAF : « Si vous présentez un document officiel disant que ces matériels sont autorisés, OK, vous pourrez partir avec vos arbalètes au Cambodge ».
OK ! Je vais tâcher d’obtenir le précieux sésame !
Je pose mes sacs à la consigne. La douane a gardé mon étui à arbalètes.
Le fonctionnaire de la PAF qui m’avait accompagné au début m’a donné l’adresse du Consulat du Cambodge. Il me quitte à la consigne … Je me retrouve seul. Cet aéroport est gigantesque et ultramoderne. Je ne connais pas Hong-Kong, je n’ai pas le guide "Lonely Planet"... Plus personne à qui m’adresser ; et pour communiquer, pas facile … déjà que dans l’avion de la Cathay Pacific, je renonçais à comprendre l’anglais des hôtesses ! Mais là, aux comptoirs, aux bureaux de renseignement, on devait me répéter 3-4 fois !!
Positiver, ne pas s’abandonner au découragement.
J’ai galéré plus d’une heure pour découvrir qu’il fallait prendre le bus A21 pour me rendre au Consulat, acheter un ticket, trouver l’arrêt du bus ! Après une heure de trajet, je cherchais la rue … puis l’immeuble, le numéro 3, Salisbury Street : c’était au 6° étage. Mais au 6° étage, un restau, des couloirs d’entrepôt … «C’est au 18° étage, pas au 6°, » me dit une serveuse.
Je finis par trouver, il est midi, je prends rendez-vous pour 15h00.
Le consul du Cambodge parle parfaitement le Français, il a étudié en France …
- « Les arbalètes sont-elles autorisées au Cambodge ? C’est la première fois qu’on me pose une telle question ! Je vais écrire au Ministère des pêches, et dès que j’aurai leur réponse … »
Je touchais le fond !
- « Monsieur le Consul, je risque de voir mes vacances terminées quand la réponse arrivera. Je n’ai que 15 jours de vacances ! Et à Hong Kong, c’est hors de prix ! Hong-Kong, c’est magnifique, mais pour mes vacances, je préfère cent fois, je préfère mille fois les passer au Cambodge ! »
- « Je dois attendre la réponse du Ministère des Pêches. Je vais téléphoner à mon pays. Revenez plus tard ».
Mon espoir de prendre l’avion du soir s’évanouit. Je me vois planté à Hong-Kong.

En bas de l’immeuble, je m’arrête à une petite agence de voyages. On me dit avec un sourire « 300 HK$ (soit 27 €) ??! Vous aurez beaucoup de mal à trouver à moins de 1000 HK$ la nuit ». » Je prends une chambre à l’YMCA, à 15 minutes à pied du Consulat. J’ai pu me laver enfin et dormir.
Le lendemain, le Consul me reçoit avec un grand sourire : « Que voulez vous que je précise aux autorités douanières ?? »
Muni du précieux document, je retourne à l’aéroport. Plus facile qu’à l’aller. Là, à l'aéroport, je passe au comptoir de la Cathay Pacific, qui m’envoie à celui de la douane, qui me renvoie à Dragonair (qui assurait le vol vers Phnom Penh) … Après avoir fait 3 fois ce circuit triangulaire, j’obtiens enfin une place dans l’avion pour Phnom-Penh … Mais il me faut d’abord payer une pénalité de 50 € (inscrite sur le billet d’avion) pour changement de date. J’ai beau dire que je me suis présenté en temps et en heure. Que ce n’est pas ma faute si j’ai été débarqué. J’étais juste en transit. Ces problèmes, c’est la Cathay Pacific qui me les a créés, et pour un matériel de pêche parfaitement légal, que ce soit en France ou au Cambodge !!
Rien à faire … Rien n’est prévu pour cela. Je voulais absolument partir. J’ai payé la pénalité de 50€, et j’ai repayé les taxes d'aéroport que j’avais déjà payées dans mon billet d’avion.
Et enfin, à 16h50 je décolle et quitte Hong-Kong !
Atterrissage à 18h30 à Pochentong (l'aéroport de Phnom Penh, capitale du Cambodge). Je récupère tous mes bagages très rapidement. L’étui d’arbalètes est là ! Avec la fameuse étiquette "FIREARMS". Personne ne me demande rien, je sors très vite de l’aéroport.
19h00, la nuit est tombée. Je demande si un taxi peut m’amener à Sihanoukville « OK pour 110 US $ ». Le chauffeur me demande l’autorisation de faire un détour par chez lui pour prendre sa femme. Chemin de terre cahoteux, personne, un vrai coupe-gorge … Le chauffeur descend chercher sa femme, qui s’assoit devant, son bébé de 6 mois sur les genoux. Elle lui parle pendant le trajet, ça lui évite de s’endormir, il a eu une dure journée, et le lendemain, il a une course pour Siem Reap .. . La route est dangereuse : camions sans feux de signalisation, motos et vaches, sans feux de signalisation … Le chauffeur est claqué, passe son temps à recevoir des appels sur son téléphone portable. Il met une roue de temps à autre sur le bas-côté et a des variations importantes de vitesse. Enfin, vers 23hoo, j’arrive à destination.
Le Quick me fait à manger : « Demain matin, départ du bateau à 6h30 pour une pêche à koh Rong Sam Lem » OK !
Je déballe mes affaires et prépare mon matos. Surtout, ne rien oublier !
J’éteins à 02h15 du matin. Le Quick me réveille à 5h45 : à 6h30, la barque s’éloigne dans l’aube grise. En route pour l’ilot Cône !
Pour cette première journée, 10 poissons ramenés …



J’ai effacé la galère de Hong-Kong !
(CR plus détaillé à venir)
Moralité :
La solution, pour les arbalètes, c’est de tout démonter :
Tubes + Flèches dans un bagage, et poignées (et éventuellement têtes et sandows) dans un autre.
On évite ainsi le problème.
Sinon, il y a le risque : arbalète = speargun ;
Quand il y a "gun" ! Pas bon !
Cela peut éveiller chez le douanier consciencieux le soupçon de trafic d’armes.
Mais le matos c’est "Tube + tringles de métal pour la pêche ", no problemo !
Et pour les poignées : "Handle" sera la traduction adéquate.
En cas de discussion avec les douaniers, il ne s'agira plus de "Spearguns";
Ce sera " Fishing Equipment" et "handles", ce qui est beaucoup moins sujet à polémiques !
La vengeance d'une blonde ?
(L'employée de la Cathay Pacific qui avait imposé l’étiquette FIREARMS à Paris, était une blonde Nordique, 35/40 ans, sèche, avec des lunettes, des lèvres minces, l'oeil bleu pâle et l'air sévère)
Cette employée de la Cathay Pacific, a, selon moi, fait exprès d'apposer l'étiquette "FIREARMS".
Elle savait que ça allait m'attirer des ennuis.
C'était pour me punir d'avoir protesté contre le supplément de bagages
(que j'ai payé : 560 €! Presque aussi cher que le prix du billet AR !)
Elle a donné comme explication Hong Kong interdisait le trafic d'armes, et imposait de déclarer toutes les armes qui passaient par son territoire.
La Cathay Pacific, compagnie de Hong Kong, devait naturellement respecter la règlementation.
A la sortie de l'avion à Hong-Kong, j'étais attendu : à 7h30 du matin, un comité d'accueil avec une pancarte à mon nom !
Est-ce la procédure normale, ou avait-on averti les autorités qu'un traficant d'armes se présentait sur leur territoire ?
Moralité : si vous voyagez avec des arbalètes, ne transitez jamais par Hong-Kong !
Et, par prudence, évitez la Cathay Pacific !