Rentré depuis quelques jours de deux mois en Mer comme Observateur Scientifique embarqué, je voulais au départ vous faire un véritable Cr à la Spearboy mais je ne m’en sors pas. Par où commencer, quoi dire, quoi raconter ? Il y a trop de choses…
Alors je vais vous raconter un bout de soirée inoubliable et partager avec vous les quelques photos que j’ai le droit de diffuser

Nous sommes au milieu de la saison de pêche au thon rouge, entre les îles Eoliennes et la côte Calabraise. Cela va faire quatre jours… quatre jours durant lesquels je n’ai dormi qu’une heure. A bord, avec le mécanicien et le Plongeur, nous sommes trois à être touché par ce mal. Nous avons l’impression de pouvoir ne pas dormir – nous ne ressentons ni fatigue physique, ni fatigue cérébrale, ni même le sommeil. Quelle sensation étrange…
Depuis le début de la campagne, je me suis inscrit sur la liste des marins qui réalisent les quarts de surveillance de nuit afin de mieux m’intégrer à l’équipage.
Fonctionnant normalement par tranche d’une heure et par binôme lorsque nous naviguons, ce soir nous serons exceptionnellement à l’arrêt afin de reposer machines et Hommes.
Ici la promiscuité est de mise et les heures de travail ne se comptent pas, seul le résultat prévaut. Alors comme certains sont actifs depuis près de 24 heures, je demande à prendre deux quarts seul, de 2h à 4h du matin, afin qu’ils puissent se reposer un peu.
Thomas, un jeune marin stagiaire, vient me chercher quand mon tour arrive. Il me dit avant de se coucher de regarder la Mer car une belle surprise m’y attend. Et quelle surprise…
J’arrive à la passerelle pour prendre connaissance de ce qu’il se passe sur le radar : rien à l’horizon. Je sais qu’après un coup d’œil de contrôle autours du navire je serai tranquille pendant un moment. Je pourrai alors profiter d’un ciel parfaitement noir et sans aucun nuage pour gêner une observation qui s’annonce sans égal.
Le tour d’horizon fait, je m’installe à proximité de la proue, dans le noir, afin de ne pas être gêné par le projecteur qui pour la sécurité du bord éclaire l’arrière du bateau. Je commence alors à lever les yeux vers des constellations comme l’Aigle, Pégase, la Vierge ou bien encore la Lyre. J’ai les pieds en Mer et la tête dans les Etoiles, plus rien déjà ne me rattache à la Terre et aux soucis du quotidien. Je suis en Paix, dans un silence quasi absolu.
Soudain, un bruit doux, posé, non habituel et pourtant si aisément identifiable vient me sortir de cette torpeur.
Thomas avait dit vrai. Ce n’est pas du ciel étoilé dont il parlait, mais d’un groupe de dauphins « Bleu et blanc » qui tournaient autours de nous. Ce que j’entends c’est le bruit des évents lorsqu’ils viennent reprendre leur souffle en surface.
Je suis maintenant seul a être éveillé à bord, en Mer, avec comme compagnons des sentinelles fidèles et paisibles.
Je resterai là, sans plus aucune emprise du temps sur mon esprit. Moment unique dans une vie, je ne pense plus, je ne perds pas une miette de ces instants. Je me laisse aller au rythme de la respiration des dauphins qui tournent à moins de 20 mètres de là. Parfois le rythme est entrecoupé d’un saut ou bien de l’apparition de l’un d’entre eux à la limite entre ombre et lumière près de la poupe. Leur peau humide brille, leur glisse est calme, parfaite. Ils semblent eux aussi se reposer.
Il est bientôt 4h du matin, jamais le temps n’est passé aussi vite… jamais non plus je ne me suis autant détaché du Monde qui m’entoure, mise à part durant certaines Apnées au goût si particulier.
Alors que je dois aller chercher le mécanicien qui essaie de se reposer dans sa bannette, les dauphins se font de plus en plus discrets. Comme si ils sentaient que l’on allait redémarrer. Idée saugrenu penseront certains - peut-être, mais elle me plaît bien !
Il descend en salle des machines, je reprend mon poste car je n’arrive toujours pas à dormir et lève les yeux vers les Etoiles. Je ne me suis senti que très rarement à ce point en harmonie avec la Nature et avec moi-même. Je repense à ce qui vient de se passer et sais que je ne l’oublierai jamais. Durant un court instant je me dis que j’aurai aimé le partager avec une personne qui m’est cher et qui est très loin d’ici. Mais non, elle m’aurait dis de le vivre seul justement - et elle aurait eu raison. Ce sont des moments rares qu’il faut savoir apprécier sans se poser de question. C’est une leçon qu’elle m’a appris et je l’en remercie.
Cette mission est mon premier véritable « périple ». Cela faisait plusieurs années que je voulais en faire mais il y avait toujours une bonne raison pour repousser un départ au lendemain. J’ai enfin levé l’ancre et n’en suis pas totalement revenu. Une partie de moi est resté là-bas et une autre m’appelle déjà ailleurs. J’ai goutté au Voyage, à la découverte du Monde et des gens qui l’habitent et aujourd’hui je sais que je ne pourrai plus m’en passer !
A ce qui n’ont jamais osé tenter de réaliser leurs rêves, je dis foncez. La vie est trop courte, restez sourd aux gens qui vous disent de ne pas le faire. Même si vous n’y arrivez pas, au moins vous aurez essayé et vous n’aurez pas de regrets lorsque vous vous tournerez dans quelques années en regardant ce que vous avez fait de votre Vie !!!
Départ de Marseille :

Puffin Cendré :


Orage au dessus de la Mer :

On se fait remuer, une vague passe par-dessus la Passerelle du Navire :

Coucher de Soleil sur la Mer qui nous entoure à 360° :

Lever de Soleil le lendemain matin :

Halte migratoire en pleine Mer :

La côte Italienne se dessine dans les nuages :

Contrôle en Mer par le SURCOUF :

Carte des Escales :

Escale à Messina – Sicile :

Escale à Messina – Sicile 2 :

A l’approche du Stromboli en toute fin de journée :

Le bourg du Stromboli :

Le port du Stromboli ^^ :

Escale à Vibo Marina Valentia en Calabre :

Escale à Milazzo – Sicile :

Un cliché Italien, mais elles sont vraiment trop belles et il y en a de partout :

Trois bons potes - Flo un jeune Marin pêcheur à droite, Amaury un autre Observateur embarqué au centre et Nico le mécanicien de leur bateau à gauche – L’Etna en arrière plan :

Kader, l’ancien du bord, la sagesse incarnée et mon voisin de bannette :


Thomas et Binnet :


Les Anciens apprennent à la nouvelle génération :

Une tortue Caouanne à proximité du bateau dans l’Archipel des Îles Eoliennes :

Des dauphins « Bleu et blanc » nous accompagnent sur la route du retour :

A plus les Spears...
