Lundi de Paques, ciel bleu, mer belle, je me retrouve seul dans le jardin de Sarko, sur la meme zone que nous avons prospectée le WE precedent avec don pedro. Nous avions rencontré de trés nombreuses seiches, et j'avais reperé de trés belles vieilles, mais avec le 110, je n'avais taquiné que deux saupes sur des tirs lointains.
Cette fois, j'opte pour le 75, plus adapté à ce genre de chasse, et laisse le 110 à la bouée.
Effectivement, les seiches sont au rendez vous, et dés les premiers coups de palmes, j'en epingle une trés belle. Dans ma precipitation, je tire un peu trop verticalement, et la fleche fini sa course dans les racines de posidonie. Je tire dessus comme un sauvage, aprés avoir entaillé les racine, la fleche viens, mais l'ardillon lui se trouve arraché.
Pas trop de soucis pour tirer les seiches, mais je glisse un des deux sandows sous le fusil, et continu en mono. J'epingle encore deux autres belles seiches, en tirant de facon à passer les bebettes sur le fil, tout va tres bien.
Je suis presque arrivé à la limite du champ de posidonie qui laisse place au sable, le débouché de la "Reine Jeanne", et j'entrevois derriere la derniere crete vegetale, à 10 metres de moi, une nageoire caudale disparaitre. L'eau est cristalline, je n'ai rien pour me cacher, donc je m'immobilise en surface, je ne respire meme plus. J'attend de voir si ce poisson que je n'ai pu encore identifier, va continuer sa course, ou retourner vers le large.
Il sort enfin de derriere la matte de posidonie, ou plutot n'en fini plus de sortir

Il est à dix metres de moi, et je vois une masse énorme! De part sa grosseur, j'ai un mal fou à l'identifier: la taille d'une seriole, ou d'une liche, mais la forme et la couleur ne correspondent pas, sa façon de nager non plus. Il marque un temps d'arret, ça y est, il m'a vu. Mais plutot que de partir, il entame un quart de tour, et entreprend de venir voir cette forme immobile en surface. Il est là, à moins de trois metres de moi, à me regarder pour essayer de comprendre, c'est un loup, mais......... non, ce n'est pas UN loup, c'est LE loup, celui que nous esperons tous et que nous attendons parfois en vain.........
Il est ENORME, je l'estime trés vite à plus de 10Kg, pour en avoir déjà vu de pres de 7 ou 8 kgs, celui ci est gigantesque

Je suis face à lui, avec mon 75 sans ardillons, un seul sandow armé, et mon masque commence à prendre l'eau. Non, je pleure face à ce spectacle,ce cadeau, ou je suis completement impuissant. Je resiste de toute ma volonté pour ne rien faire, ne pas tenter un geste innutile. La rencontre dure de longues secondes, puis il decide de continuer sa route, il me montre son flanc, et doucement s'eloigne. Je suis anéanti, je fais quelques bruits de gorge, et il marque une pose, semble esiter, et amorce un demi tour: il reviens vers moi, et se cale à nouveau à moins de trois metres de moi.
Mon cure dent de 75 tremble dans ma main, je l'ai dans ma ligne de tir, ne pas tirer, ne pas tirer...........
Il s'eloigne maintenant, doucement, souverain, je le laisse prendre un peu de distance, et pedale comme un malade vers ma bouée, vite se debarrasser du cure dent, prendre le 110, l'armer, et je file dans la direction ou mon monstre à disparu. Il se rapprochait de la cote, je lui emboite les palmes. Au fur et à mesure que je me rapproche de la cote, la visibilité diminue, beaucoup de chose en suspenssion. Visi inferieure à 2 metres maintenant, je pedale, m'immobilise, appele de la gorge, attend, pedale.... Mes nerfs sont à vifs.
Apres 30 minutes de ce manege, je dois bien admettre que c'est foutu.
Je suis dans un etat difficilement descriptible. Demoralisé, detruit, ecoeuré.
Le palmage du retour vers le bateau se fera à plein regime, je dois absolument passer mes nerfs, alors autant que ce soit sur moi.
Voila la petite histoire de ma sortie du lundi Pascal, et je vous avous qu'elle m'a enomement destabilisée, car comme bon nombre d'entre nous, il m'est arrivé de faire des brocouilles magistrales, ce qui ne m'empechait pas de ressortir de l'eau avec la banae, et heureux du temps passé sous l'eau. Mais là, je vous assure que ce genre d'experience, est completement devastateur. C'est la premiere fois de ma vie que je sort de l'eau en faisant la gueule.
Ce loup, était non seulement énorme, mais son comportement faisait de lui une cible si facile, il etait tout simplement in-loupable!
Mais il n'etait pas pour moi!
Voila, sur la plage arriere du bateau, je suis là les gambes pendantes, à vider mes seiches, que je trouvais si belles sur le moment, et bien que je ne les ai pas encore mangées elles me laissent dans la bouche un gout amer........................