Coincé sur la banquette arrière, le Sav' peine à respirer, l'exiguïté forcée de l'endroit ( le Catalan voyageant au minimum avec une quinzaine de fusils et quatre paires de palmes, et 200 kg de saucisse sucrée, et diverses caisses de charcuteries, sans compter les cartons de pom'potes...bref...) soulignée par la densité atteinte par les gaz du Catalan, sans compter l'étourdissement du au phrasé permanent de Dentifice et la terreur liée au style de la conduite en vigueur au Sud, son coeur bat, il a envie de vomir. Bien entendu, les combinaisons crasseuses et mal séchées des sbires ont été placées pile à la hauteur de son nez pour agrémenter encore...S'il vomit il sera tancé et devra nettoyer, alors il tente de capter un filet d'air près de la fenêtre disjointe par le temps.
Le paysage pelé le ramène à ses jeunes années, lorsqu'il avait pour la première fois quitté ses montagne pour rejoindre la guilde Spearboyenne, menée alors avec panache par Le Dabe en personne, que de temps passé, aucune barbe blanche à l'époque, du spearboy fier et droit, du combat de gladiateur permanent, du muscle, de la bonne sueur, de l'inox sans compromis...Ahhhhhhhhhhhhhh!!!!!!!!!!
Il se sent un peu ridicule, à son âge il devrait jouir de l'âtre et non battre campagne...Il se souvient, tente de superposer le visage de Nono avec celui de l'époque, apercoit le sien dans le rétroviseur...Les huiles ont bien profité du temps passé, à se demander s'il sera réellement prêt au combat? Savoyard écarte bien vite cette pensée, combien de fois s'est il fait avoir à l'habillage par l'air débonnaire et les bavardages "innoncents" du terrible Dentifrice, cette apparente bonhommie a toujours dissimulé une rapidité de crotale et un esprit de chasse affuté...Spearboy un jour...Spearboy toujours!!! Le Catalan semble amaigri, aurait-il quitté l'ordre des 3C???
"Putain, qu'est-ce que je fous là?!? Pourquoi alors que je suis seigneur en mon fief suis-je encore si soumis à l'appel de la Guilde? Pourquoi ne pas me laisser en paix à présent? Et putain, la moitié de mes réserves qui vont être dilapidées en quelques jours par ces goinfres sans âmes, alors que les miens ne connaissent pas encore la durée de l'hiver!!!!!!" Les pensées se bouscules, il revient au Catalan qui vient d'ingurgité une dizaine de Pom'potes et d'expédier les emballages par la fenêtre, permettant au Sav de goûter l'air pollué indiquant l'arrivée vers Marseille...De nombreuses vibration, et le tapotement des doigts sur les écrans inquiètent le Savoyard, Robaï a parlé d'une campagne classique, mais vu le chargement de la 206, vu la frénésie des échanges dont il est bien entendu exclu, il y a fort à parier qu'il se trame quelque chose de particulier...
Décidant de sonder prudemment Nono, le Sav' tente une question sur la présence éventuelle d'Alain le Normand qui malgré sa droiture et sa bravoure légendaires dans les courants du nord et leurs maudites épaves, le roi du tracteur de mise à l'eau paraissait-il, celui qui ne tirait jamais en dessous de 10 kg et vidait les sars par la tête, une Légende parmi les Légendaires...Une ou deux giffles plus tard, je comprends qu'il ne sera pas là, il est véritablement mis à mal par une saloperie de maladie qu'il a du contracter sous les douches de la pointe Rouge il y a quelques décennies. Bref, une légende qui a un tel combat à mener de son côté que ceux de la guilde doivent lui paraître insignifiant. Même s'il trouve que l'absence du Grand Homme vient marquer un changement flagrant et regrettable, il ne peut s'empêcher d'être soulagé, Maître en sarcasme, le Grand Alain n'avait qu'à ouvrir la bouche une fois par jour pour ratatiner ce pauvre Sav au rang de serpillère...
"Poutain dou racloure dou palme!!!! Tou va fermer ta goule non? Tou vois pas qu'on save très bien quou lou Aloun il a pas venou??? Tou vou encore des baffes?" explose le Catalan
Le savoyard se ratatine de son mieux, il n'aurait pas du aborder le sujet...étrangement, alors qu'il l'a toujours maltraité,au fond, Alain va lui manquer avec son célèbre jogging/housse de palmes...