Le 31 dec 2007 :
Petit dej à 8h00 : « Spearfishing first ».
Dernière pêche. L’avion décolle demain matin. Virée à koh Racha Yaï.
Le petit bateau jaune nous amène une dernière fois au « Wenka » boat.
Ciel voilé. Mer calme.
On dépose Olga à une plage corallienne au fond d’une baie.
Il y a un ponton-débarcadère flottant et des speed-boat à l’ancre.
Entre les caps rocheux, un luxueux resort est installé sur les 300m de cette plage magnifique.
Il y a 10 ans, Dietmar avait dormi pour 150 bath la nuit (3 €uros) dans une cabane de bambou.
Pour se laver, il y avait un puits où il balançait un seau au bout d'une corde, et le hissait à la force des bras !
Maintenant, les bungalow, avec clim et tout confort, sont à 300 € la nuit.
Rendez-vous est pris dans 3 heures au petit restau de l’autre plage, à 2 km de là,
de l’autre côté de l’île : une ballade sympa à pied, sous les cocotiers….
Mise à l’eau sur la face Nord Ouest.
Visi 18-20m. Eau claire, mais désertique.
On longe la bordure, en gardant le fond à vue, en limite de visi.
Pendant une heure, des petits poissons, mais pas de prédateurs.
L’eau est plus « fraîche » (28,5 ° ??) ; je chasse sans combi, mais c’est OK.
Enfin, lors d’une descente à 15m, je vois des carangues à bandes « travelly ».
Avec leurs couleur bleu-argent et leurs larges bandes grises, elles se fondent dans la grisaille :
L’eau est gris anthracite.
Christophe descend vers les 20m. Je l’entends tirer, il a pris une carangue :
« Pour avoir une chance de les voir, il te faut descendre 2 fois plus profond que tu ne fais »
Ok, j’insiste sur la descente lors de l’apnée qui suit ;
Je compte 15 coups de monopalme : je dois être vers 20-22m
(15 jours après, à la fosse de Villeneuve la Garenne, je descends à 20m en 9 ondul)
le fond apparaît, la visi s’éclaircit en bas – peut être plus de 20m de visi horizontale –
et je les vois sous moi !!!
Tir : je laisse la flèche Devoto déployer ses ardillons, et remonte en laissant filer la drisse.
Le temps de l’accrocher à la bouée, Christophe remonte une belle Carpe Rouge :
« Il y en a une autre plus grosse »
Je descends à mon tour vers les 20m, les blocs de la bordure apparaissent,
avec un banc de chirurgiens noirs grands comme les deux mains :
ils s’écartent, puis m’enveloppent et font écran ;
derrière, 3 carangues à bandes « travelly » hésitent et se rapprochent …
mais une Carpe Rouge s’approche aussi ! Tir, je la remonte !
Christophe ramène une autre « travelly ». Et après 2-3 apnées infructueuses,
je retrouve la limite des blocs ; 2 grosses « travelly » apparaissent :
je reste immobile comme un paquet qui dérive ; elles s’éloignent, hésitent, reviennent …
je tire la plus grosse, laisse filer la drisse, et remonte sans traîner : la surface est à plus de 20m.
En la ramenant, je vois qu’elle n’est pas traversée, la pointe est sortie,
et l’ardillon ne tient que par un bout de peau. Christophe la double, et on rembarque :
direction le boui-boui de la plage de Racha Yaï où Olga nous attend.
Christophe et sa « Carpe Rouge » : 2,5 kg

« Travely » de 4,6 kg
Pour Julien :

Le Thaï qui porte les poiscailles avec moi, il a un restau (ou y bosse comme cuistot) sur cette plage de Racha Yaï où il y a des restaus.
Et je crois qu’il a un bateau (un « long-tail »)
Après cette halte, on se remet à l’eau une dernière fois vers le côté abrité.
Pas de bateaux de plongée aux corps morts : on accroche le « Wenka boat »
et on retourne pêcher ; mise à l’eau sur la bordure sable–coraux.
Eau claire (visi 20m+), calme, sans courant.
Sur le sable, à 20m, il y a la petite épave d’un bateau de pêche.
Dietmar fait un canard sur l’épave, et ramène un baliste Titan,
qui restait discrètement dans un recoin des superstructures.
Ces balistes Titan atteignent 5-6 kg et prolifèrent : leurs seuls prédateurs sont les requins,
qui ont été sur-pêchés et sont devenus rares (mais on ne s’en plaindra pas !).
Il m’est arrivé, dans une seule apnée, de tomber dans un groupe de 5-6 "Titan", calibrés à 3-4 kg,
et qui détalaient dans tous les sens. Très très difficile à approcher !
Un moniteur de plongée qui travaille depuis 5 ans à Phuket,
m’a dit qu’il fallait absolument les tirer ! Il faut « réguler » leur population :
"ils bouffent les coraux, ils s’attaquent à tous les autres poissons !
Et même, ils attaquent les plongeurs ! Moi, j'ai été mordu au bras"
Il paraît que c’est très bon (mais moi, bof …) – et en Thaïlande, pas de ciguatera –
A mon tour, je descends ; une carangue s’éloigne, mais 5-6 Aprions s’approchent
et font une ronde lointaine : un petit s’approche et prend une flèche par le travers.
Ensuite, plus rien, à part un barra solitaire qui ne veut pas venir voir l’arbalète
que je lui descends au bout de la drisse.
On rentre, je dégonfle ma bouée, l’Aprion a été mon dernier poisson.

Dernier coucher de soleil.

Dietmar, grâce à toi, on a eu un super séjour !
Tu nous as amenés aux meilleurs endroits, au meilleur moment …
On a pêché tous les jours, dans une ambiance sympa, avec des conditions parfaites.
Il me faut remonter loin pour retrouver une telle réussite dans un séjour de pêche !
Mais pour toi, ce n’est qu’un échauffement, car il te reste encore 5 semaines de pêche !
Dîner et réveillon du 31 décembre à Ao Sane.
La fumée du cochon qui grille sur la plage monte vers nous.
Des fusées de feu d’artifice sont allumées; les enfants sont enchantés.
A minuit, des lampions s’envolent de toutes les plages.
Ces petites mongolfières s’élèvent lentement au-dessus de la mer.
Par centaines, elles partent dans le ciel noir, la brise tiède les emmène …
Elles portent un vœu, petites lueurs vacillantes, et se perdent dans les étoiles qui scintillent dans la nuit.
Le lendemain, réveil à 5h00; à 5h30, le taxi nous embarque.
Il nous dépose à l’aéroport de Phuket à 6h15, dans l’aube grise … pour retourner à l’hiver.
« I’ll be back »
Si tu donnes à quelqu'un un poisson que tu as volé, il mangera une fois.
Si tu lui apprends à voler, il mangera toute sa vie
Philippe GELUCK