« On va à Racha Noï ; dépêchez-vous de prendre votre ptit dej »!!
Petite houle. Le 115 CV laisse un long sillage d’écume. Des escadrilles de sternes signalent des bancs de petits poissons en surface.
Deux frégates nous survolent de leurs silhouettes acérées alors que nous approchons de Racha Noï.
Des vagues de courant se lèvent à la pointe Nord ; l’anse NE avec l’eau lisse, tandis que des vagues frisent sur l’arête de rochers
qui prolongent la pointe. Mise à l’eau dans l’anse, sur l’eau lisse ; visi 18m. On se laisse porter dans le courant,
au-dessus de l’arête rocheuse, pour suivre la côte où le bateau va nous repêcher 2 anses plus loin.
Au début, la nage est portée par le courant, mais très vite, le courant s’inverse et devient contraire !
Comme au début du séjour, où j’ai galéré avec mes 2 carangues … sauf que cette fois, je survole des fonds vides.
Bancs de petits poissons, mais rien en vue; courant dans le nez.
Heureusement que le bateau nous ramasse assez vite ! On change de coin.
Plus tard, alors que je remonte sur le bateau sans avoir rien vu, Chaï me dit :
«Va donc jeter un coup d’œil à la glacière. J’ai pris une petite carangue, pas bien grosse, mais d’une jolie couleur ».
Je soulève la bâche : un monstre de carangue ingobilis remplit la glacière ! Elle doit avoisiner les 20 kg.

Chaï l’a prise dans les rochers du bord, sous l’écume. Elles étaient 3 qui se faufilaient dans des failles, entraient et sortaient
dans l’eau brassée par la houle. Il a pris la plus grosse ; elle lui a tordu sa flèche.
Je comprends mieux pourquoi il a monté du câble acier. Pesée, après avoir été débitée, elle fait 18 kg.
Quand le courant stoppe, à l’étale de haute, on file au grand sec Sud.
Pas de courant. Visi 15-18m.
Les petits poissons sont statiques et espacés. Je vois passer un banc de 200 barras à queue noire, certains doivent faire 8 kg ; rapides, méfiants.
Des milk-fish rôdent près de la surface. Un léger courant se lève sur le sec ; je me poste en amont.
Après quelques apnées, je distingue des poissons d’une autre espèce parmi les milk-fish : des Aprions rôdent, s’éloignent,
tournent, reviennent … j’en tire un de 4-5 kg : foudroyé : je le tends au bateau.
Il y a une remontée à 30m au large du sommet du sec : 22 m;
et sur le toit du caillou, tournent 3-4 grosses « carpes rouges » de 6 kg et plus.
Je fais 3-4 apnées infructueuses, à me replacer dans le léger courant. La visi a baissé : 15 m en surface, 10-12m en bas.
Huit coups de mono pour descendre, encore 4 pour me repositionner en bas …
le rocher apparaît soudain dans le brouillard, des lutjans jaune à un point noir apparaissent, une « carpe rouge » derrière.
Trop loin, trop tard, trop longtemps que je suis sous l’eau … je remonte.
Il faudrait que je parvienne juste à la verticale du caillou ; et il faudrait 20m de visi …
Tout le monde est remonté sur le bateau. Chaï me fait signe …
Allez, juste une dernière descente, pour la forme.
Descente dans le brouillard. Je relève la tête, je suis au bord de la pente du sec, en amont du courant. !
Regard à droite, à gauche, devant … A droite apparaissent deux thons à dents de chien !
Stabilisé à 12m, je nage sur une trajectoire de collision, en baissant la tête, sans les regarder ;
deux-trois coups de mono, je relève la tête, ils ont gardé leur cap. Moi aussi. J’aligne celui du dessous, il se déplace,
je change pour celui du dessus, je le garde dans l’axe de tir … s’approcher encore, il est devant, juste en face, pour un tir à 90°.
Il donne un coup de queue et se présente trois quarts arrière : tir !
La flèche de 6,5mm du 130 MV5 l’atteint derrière la pectorale et ressort dans la joue.
Le TDC accélère et file en descendant. Je laisse le filin coulisser dans ma main gantée, il se tend,
et je vois là-haut la bouée de 35 litres Rob Allen tracer un sillage d’écume.
Et alors, se sentant retenu, le thon sonde verticalement. Pourvu que l’ardillon tienne !
Mon arbalète a un bon amortisseur de flèche, et les 27m de filin sont reliés à la bouée par une petite float-line de 1m,
ce qui donne une résistance élastique; arrivé en surface, je maintiens la tension.
Sur le bateau, Chaï a vu la bouée partir. Tout le monde s’est levé; je crie : « Un thon à dents de chien ».
Chaï, qui avait retiré sa combinaison, enfile ses palmes à toute vitesse ; je « travaille » le poisson, le remonte, laisse filer
quand il fait un rush vers le fond, le reprend … « Remonte le très doucement, sinon, il va pendre peur quand j’arrive ».
Chaï descend ; tir dans la tête. Séché. Ma flèche n’est même pas tordue.

Dernière apnée, dernier poisson ... le dernier des vacances, peut-être de l’année.
On rentre. Retour à Ao Sane. 100 kg de poissons, la glacière pleine.

Le soir sashimi de TDC, et soupe « thom kha », au lait de coco, avec des morceaux de TDC.
J’oubliais : je prends le RA Tuna Railgun 130 au début. Trois tirs pour décharger : tir très droit, précis,
mais il est si dur à charger, si lourd, qu’au bout de 3 spots sans un seul tir, je reprends mon MV5 à tube carbone …
je n’aurais pris aucun poisson avec le RA !