c'est vrai que la mémoire s'estompe... certains souvenirs deviennent flous, se déforment, ou pire disparaissent,
pour parfois remonter d'un coup !
cette partie j'ai décidé de l'appeler "plongées lacustres" car il n'y sera plus question de dentis, d'agachons, ou
de quoi que ce soit ayant trait à l'eau salée.
Part 3:
Plongées Lacustres
Ce matin là, la corse est bien loin. Avec mon pote et binhome, que j'appellerais monsieur M. ,
on est partis de bonne heure au lac de Paladru, ou la plongée est interdite hormis dans un cadre bien spécifique.
Mais nous on plonge pas, pas de bouteilles, on nage avec des combi et des palmes, mais on est pas des plongeurs,
hein? en plus on est des rockeurs alors on s'en fout.
bref nous voilà dans l'eau. visi: 2 m maxi, et plus profond ça se gate. pinaise. Je m'échauffe d'abord dans un coin
ou un mec a perdu une rolex. Vas-y pour retrouver une rolex dans cette poisse sur un fond vaseux... t'as plus de
chances de toucher le pactol en achetant directement un billet de loto gagnant!
une histoire me revient, à ce moment là, précis.
c'est un mec qui rentre chez lui et qui dit à sa femme:" Chérie, tu ferais quoi si je gagnais au loto?
Elle: "Je te prends la moitié et JE ME CASSE!"
Lui: "j'ai gagné, 8 euros. Tiens prend 4 euros et casse toi!"
bref je m'égare. plonger dans ces conditions ça devient vite folklorique. On oublie vite la rolex en or, et on se met sur
un fond de 15 ou 17 m. c'est ce qu'on fait généralement pour chauffer un peu nos vieilles carcasses.
je commence à descendre, et là , le stress, le manque de visi, j'ai encore mon oreille gauche qui me
fait un caprice. ça passe pas. pourtant la corse n'est pas si loin, encore, en se début de mois d'août.
Ya pas longtemps je chassais à presque 20 m sans soucis aucun. Mais là, c'est très différent...
Flash back
Corsica: Deuxième moitié du mois de Juillet.
ce matin là, je pars chasser sans binhomme malheureusement, puisqu'ayant changé de camping.
Mes filles et ma femme ne supportaient plus les sanitaires rustiques, les invasions de fourmis, les guêpes de Roccapina.
les Guêpes de Roccapina, jamais vu ça. Tu mets la table, sans sortir de bouffe encore, elles débarquent.
Tu sors un bout de pain, elles sont là! Affamées, les guêpes du camping municipal de Roccapina?
A contre coeur, sous la pression compréhensible cependant de mes femmes, on est partis, donc et on s'estinstallés
à Tizzano.
Le site n'est pas aussi joli, mais c'est joli aussi.
Me voilà donc parti, mise à l'eau à la plage presque déserte, 7 h du mat, devant une dame qui fait son tai chi.
j'espère que ma pissette ne l'a pas trop troublée.
dès les premiers mettres, je vois un peu de poisson, ça semble prometteur.
Dans moins de 8 m je fais mon premier sar, qui broutait en bas d'un rocher, et qui ne m'a pas vu.
canard discrêt, approche silencieuse à l'indienne, et paf en pleine tête, le omer cayman fait son boulot, bon fusil.
Je mets le sar à la bouée en pensant que c'est madame qui va être contente, elle commence à en avoir marre
de manger de la vieille
![Laughing :lol:](./images/smilies/icon_lol.gif)
Rien à foutre, un peu plus loin sur 15 m je tape une vieille. Merde. erreur d'appréciation,
elle a la maille, mais pas énorme. Elle sera quand même mangée, comme le reste, comme tout ce que je tire.
Tout? pas toujours.
vers la fin de la sortie, j'apperçois un rouget au fond. Doit y avoir 10 m. Miam chai bon cha le rouget;
![Smile :)](./images/smilies/icon_smile.gif)
je descends, me pose au fond, fait gaffe aux caillous autour, le 110 c'est pas l'arme idéale pour le rouget
l'avantage c'est que ça permet des tirs de loin quand il est farouche, mais faut être précis, chirurgical, pour réussir
le tir dans la tête. Je tire, et le poisson tourne au même moment! je le rate, non sans emporter au passage un bout
d'une de ses nageoires pectorales.
Je remonte, me dis, merde, tu l'as abîmé, maintenant faut lui régler son compte, faut qu'il passe par la poêle.
je le vois qui se tire, (la visi est comme d'hab exellente) je me ventile, et je redescend.
Mais le poisson m'a vu. Il se casse, pas très vite mais il se barre quand même. C'est un rouget portion, bien maillé mais
sans plus. Pas un monstre. je le poursuis quand même, avec peut-être un peu d'acharnement? ça m'embête de blesser
un poisson sans aller au bout. Je suis le rouget, fusil au poing, et ce faisant je me retrouve à faire une indienne au fond.
je le suis sur 10, 15, peut-être 20 m? puis soudain je ressens quelquechose que j'ai plus l'habitude de ressentir pendant
une séance de piscine, en faisant du dynamique: j'ai les jambes qui brûlent, montée d'acide lactique.
Merde, mais je fais quoi là? j'abandonne le rouget, et je remonte. je consulte la montre, j'étais en train de faire une
indienne, pour un malheureux rouget, à 15 m de fond...
ça me donne à réfléchir. Là dessus, je rentre, et ce jour là j'ai encore appris quelque chose: Parfois je suis un gros couillon!
Retour à la réalité:
je suis à la surface du lac, et la compensation veut pas passer. Mais je sais la part psychologique dans tout ça.
je me détend, et là je pête un coup. le mot est faible, que dis-je, je réalise le plus beau pet de toute ma carrière!
ça n'en finit plus, c'est une symphonie pour cuivres! mais l'accident bête se produit. ma combi, neuve, est trop serrée
au niveau de la cagoule, des poignets et des chevilles. je me met à gonfler, gonfler, la combi se remplit de gaz, je
remonte au dessus de la surface, et là mon binhome me sauve la vie: il attrape ma marseillaise, tire dessus, elle se défait
et le gaz s'échappe d'un coup! je retombe dans l'eau, j'avais commencé à m'élever dans les airs tel une montgolfière.
Au même moment, je vous jure que tout ça est d'une véracité absolument véridique, une mouche passait par là.
Elle entre en contact avec les gaz nocifs, et tombe raide morte dans l'eau!
Une petite perche passait par là. Elle voit la mouche, et la gobe, comme ça, devant nos yeux effarés.
Arrive un énorme brochet, et il bouffe la perche!
Là dessus, le brochet est rammené en arrière, icroyable: la mouche était fausse, en réalité, au bord, on ne l'avait pas
vu, un mec était en train de pêcher à la mouche, et vas-y qu'il choppe le brochet dans son épuisette!
Mon binhomme et moi, on se regarde, d'un air complètement blazés.
on hausse les épaules, bah, on en a vu d'autres!
Et on reprend notre plongée.
Je me longe, bien sur en lac on se longe toujours. Le plomb est remonté normalement de quelques mètres,
une technique à nous pour pas être directement posé au fond, histoire de pas rester coincé, on sait jamais
ce qu'il y a . une fois on a trouvé un arbre avec un filet coincé dedans, ça c'était au lac de Laffrey.
une autre fois on a attéri sur une carcasse ce voiture...
Bref, je descend, et puis c'est froid, noir, on y voit rien. Alors je ferme les yeux, je me détends, et la ça y est
les oreilles "passent". Super. je descend, on est sur 17 m. j'en chie quand même. Psychologiquement c'est dur.
j'ouvre les yeux, et je vois passer le plomb qui tend notre filin. Et juste après, d'un coup, c'est le noir total.
C'est quoi ce merdier? Je réalise soudain: je me suis planté dans la vase, jusqu'au masque!
j'appuie avec mes mains et je ressort de là, je suis sur que s'il y avait des poissons autour ils ont entendu comme
un bruit de ventouse.
je remonte, mort de rire! On se paye une bonne rigolade avec M.
![Laughing :lol:](./images/smilies/icon_lol.gif)
On remonte un peu le plomb qui était en fait à moins
d'un mètre de la vase.
Ce jour là on est descendu à 20 m, mais on avait l'impression d'être beaucoup plus profond.
Allez la suite dans un autre épisode!
![Laughing :lol:](./images/smilies/icon_lol.gif)
« Sur Mars, il fait -160 degrés à l’ombre. Mais on n’est pas obligé d’aller à l’ombre. »
Jean Yanne