CR d'aujourd'hui aux embiez
hier soir je vérifie mes mp , mon poto sea-predator me propose une virée sur le hollandais volant (son semi-rigide avec lequel on a déjà failli dessaler face à une déferlante de tous les diables). Il porte parfaitement bien son nom, car il vole littéralement quand la houle se lève

et quand on doit affronter un mur d'eau, c'est bibi la machotte qui doit aller faire le singe
ca commence bien: cale de bandol fermée, direction la coudou; cale de la coudou ouverte mais les employés ont décidé de fermer la barrière d'accès pour pas être emmerdés

, on se retrouve donc à la cale du brusc, on charge le hollandais volant, et hop on file vers sicié.
Arrivés sur place, le Sea-Pred' me commande un poulpito, il part à droite et moi à gauche, bien décidé à épingler un beau barra
BRRRRR! elle est froide! très claire aussi, et pas franchement grouillante de vie. je lui fais son poulpe, et commence à faire les trous sur la zone 8-12m.
quelques sars, des rouquiés, des petites lasagnes... pas franchement excitant. Je décide de pas compter sur le hasard, et me met en mode coulée. Je traque de la surface le poisson jusqu'à ce qu'il soit déboussolé ou qu'il s'enrague, et je viens le cueillir dans le foulée. En théorie, c'est nickel, mais en pratique, j'ai vite fait de me faire enfumer par les sars qui en ont vu d'autres, et des plus coriaces!
Je décide donc de parcourir les tombants à la recherche d'une éventuelle baudroie. Il ne faut pas 5 minutes pour qu'une belle ombre noire gicle sur mon passage, et file s'enraguer sur une douzaine de mètres . Je me suis mis à ses trousses sans bonne ventilation préalable... j'arrive devant sa tanière, et elle se révèle d'une telle complexité que je n'ai d'autre choix que de remonter faire le plein d'air. Je redescends 2 minutes plus tard, n'y croyant plus du tout, et vla ti pas que je devine une grosse paire de lèvres blanches dans l'obscurité... j'aligne, bing! la flèche danse furieusement dans la rague, je tire, rien ne vient, ca a l'air enragué, et en forçant un tourde bien mastoc est extirpé non sans peine de la pierre. il accusera 807g, le plus gros merle que j'ai actuellement mis au sec.

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Je trace à la bouée pour la photo, et croise le sea-pred' qui me propose de filer sur les iles.
On fera donc plusieurs de ses postes favoris, avec pour ma part des occasions intéressantes, mais pas concrétisées. Il y avait du sar en pagaille, des très gros de plus du kilo parfois, mais quand il s'agit de les faire venir à l'agachon, on peut se la mettre derrière l'oreille...
J'en raterai plusieurs de cette manière, tirés à plus de 4m de distance sans succès.
Sur le dernier poste, le poto attaque avec une petite frayeur, il me dit qu'on se surveille et qu'on fait chacun 1 agachon sur 2. Je commence, il me guette de la surface, puis à lui de s'enfoncer dans l'eau trouble jusqu'à ce que je le perde de vue. je sais cependant qu'il est en dessous, et attends qu'il remonte. une minute passe, puis deux, puis trois et là je commence à baliser méchamment... j'enchaine les demi-coulées sans succès, je scrute la surface des fois qu'il ait transformé son agachon en indienne de fond, mais pas un chat!
putain je me dis que là, aussi fort qu'il soit, il s'est forcément claqué une syncope et je ne le trouve toujours pas. j'ai vraiment la trouille, ca fait bien 10 minutes que je continue les demi-coulées, et je me dis qu'il est maintenant trop tard... vous ne pouvez pas imaginer l'horreur de cette situation. Je m'agite en surface, au fond, je gueule comme un putois en priant pour qu'il soit juste parti de son côté, je suis vraiment pas bien...
et là je le vois en surface à une cinquantaine de mètres...
il m'avait enfin retrouvé également, la topologie du spot très particulière, la turbidité de l'eau, nos chassés-croisés alternés et la petite houle ont fait que l'on s'est perdus de vue dès le départ. Je balance quelques insanités et remercie silencieusement le ciel d'avoir bien voulu différer l'épreuve de la disparition d'un compagnon de plongée à une autre fois, à jamais si possible... je ne souhaite à personne de ressentir ce que j'ai ressenti...
Après ca, il faut bien chasser pour passer à être chose, et célébrer la chance inouïe que tout aille pour le mieux. Je m'applique donc à faire ca bien, enchaine les agachons pour faire monter les pastèques de sars également présents sur place, grapille des secondes à chaque apnée. Je vis et me gave des sensations brûlantes que me procurent la montée des pei, je les rate coup sur coup, mais j'en redemande encore et encore.
Une trouble-fête viendra cependant me rappeler qu'ici c'est chez elle, et que j'ai intérêt à aller consommer mes euphories ailleurs que dans sa baignoire:
je repère une longue balafre dans un plateau, de ma largeur et ma hauteur allongé. Je coule en sa direction pour y caler un agachon, quand une murène avec un cou de taurillon surgit, se cale pile où je voulais me poser, redresse la tête et me fusille du regard. moins de 2 mètres nous séparent... je braque le 110 dans sa direction et fais mine de la piquer avec la pointe... malheureux...
ca la rend furieuse, elle se renfrogne et fait claquer sa machoire, ses yeux sont ceux d'un kangal face à son adversaire dans une arène, puis elle me monte dessus

, là j'ai palmé comme un malade pour remonter tout en la gardant en joue, elle m'a suivi sur les 4 premiers mètres, a marqué une pause en pleine eau, la gravité l'a rappelé tout doucement à ses failles sans qu'elle me quitte du regard, puis elle a plongé d'elle même dans le premier trou venu en se tortillant gauchement, comme un spaghetti l'aurait fait quand on l'aspire d'un coup sec.
là dessus je retourne chasser, je traque un tourde à peine plus petit que le premier (et le rate! je parviens même à effacer la vidéo sans faire exprès!), j'enchaine les agachons et parviens enfin à aligner un sar. Un bécofino sans prétention de 255g à la balance.

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Hop dans le bateau la poiscaille, j'y retourne sans tarder car j'ai d'envie de sentir la vie bouillonner en moi, et j'entame une longue redite de ce que fut ce dernier spot, sans toutefois concrétiser à nouveau un tir: des agachons et des sars durs en affaires.
Il est l'heure de partir, ca fait 5h30 dans l'eau. un moment intense à tous les points de vue, j'ai pas fini de le débriefer avec mon inconscient, je crois que je vais en rêver quelques nuits...
et voilà un bon kilo d'offrandes de mère nature, sans prétention aucune, mais que je ne manquerai pas d'honorer de la meilleure manière.

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