Bz, cephalomitch
Ce mat toujours avec le mien, départ tardif. Eau 11,8°, un restant de houle, visi supérieure à 15m. Un pote nous a informés de la seule zone où hier il a aperçu quelques beaux poiscails. Manu fidèle à son habitude optera néanmoins pour son jardin. Je me sacrifie

enfin de vérifier ses dires sur un secteur que je ne parcours pas en cette saison mais que je connais bien toutefois.
Je me fais lâcher une crique avant bien à l'abri. Au milieu de celle-ci un petit écueil tient parfois de belles dodos. Je m'en approche discrètement et jette un œil en direction du large. Bingo, en voilà une belle en limite de visi qui chemine dans ma direction. Mais… p'tain !... ce n'est pas une dodo, c'est un sar de l'atlantique

, je n'avance pas de poids pour ne pas stimuler les railleries

mais surement le plus gros que j'ai eu l'occasion de tirer. Calé sur un plat bord de l'écueil, j'ai tout le temps de le détailler. Des dents proéminentes dépassent de lèvres noires charnues trop courtes pour les dissimuler. Tout le reste du corps est gris uni. Les terminaisons de sa caudale bifide sont arrondies comme usées par les années. Subitement, alors que je m'apprêtais à avancer le fusil, il accélère et vient prendre la pose si près que je suis obligé de le tirer bras cassé. La pointe de la flèche sur lui, à moins d'un mètre, je pense à bien bloquer le poignet et… je tire à côté

. Plus difficile à manquer que le contraire.
Je joins la pointe rocheuse qui doit me donner l'accès à la zone promise. Plus d'abri, je prends la houle de plein fouet. Je sais que dans ces conditions, dans cette mousse, une vaste cuvette, où s'engouffre la mer et terminée par un étranglement, retient souvent les loups. Une fois positionné à la sortie de l'étranglement, j'ai juste le temps de distinguer entre les bulles les silhouettes familières tant recherchées avant l'arrivée d'une série de vagues plus prononcées. Je me cramponne de mon mieux et subit dans le champagne sans aucune visibilité les caprices de la mer. Je sais qu'à un moment il y aura un manque. Si les loups sont là, j'aurais tôt ou tard une occasion de tir. Les minutes défiles, une vagues perfide se rue dans la cagoule et me rappelle les plaisirs de l'hiver

, mon bras gauche commence à s'engourdir lorsque l'accalmie attendue se produit. Je me pose vite au fond. Petit à petit les bulles se dissipent, juste à temps pour voir arriver 4 loupiots. Le premier, téméraire, me passe dessus choisissant son salut le long de la roche. Les autres hésitent, font mine de partir sur ma gauche avant de choisir la direction opposée, seule autre échappatoire possible. J'aligne, 2 sont dans l'axe. Je tente le doublé. 1 sur le fil, 1 décroché

. Oh, pas un monstre, 1 kg tout rond. Mais celui là à une saveur particulière. Il correspond à une action que j'ai anticipée et j'avoue en tirer une certaine satisfaction.
Pour le reste, ben plus rien. 2 boulégeurs de m… me feront sans complexe le devant

. Assurément il n'y a pas que le mot "éthique" qui échappe à leurs compréhensions.
