En fait, j’ai fait 15 sorties pêche, mais sans ramener grand-chose ; j’ai même souvent fait une pêche « éco-responsable » (comme dit DAM).
A cela, plusieurs raisons :
1/ je ne tire pas les poissons brouteurs, genre poissons perroquets, carpes à grosses lèvres, Gaterins
2/ Avec la mono, je chasse en pleine eau, et j’évite de me coller au fond
3/ Je traîne toujours mon problème de sinus, qui m’empêche de faire de bonnes descentes
4/ Il aurait fallu, assez souvent, que je descende 4-5m plus bas et que je reste au moins 30 secondes de plus …
Mais ces excuses sauront-elles vous convaincre ? Je devine que quand vous aurez lu le récit de quelques sorties,
votre bienveillance fera place à la stupéfaction, puis à l'indignation :
un bon chasseur sachant chasser aurait agi autrement !!
Une semaine avant de partir, je fais une séance de fosse à Villeneuve la Garenne : je nage et je m’entraîne en apnée en piscine toute l’année,
mais quelques apnées à 20m seraient un bon complément … et là, impossible de dépasser 12m ! Sinus bloqués !
Le jour du départ, j’arrive à Roissy par un froid de canard; avec mes 40 kg de bagages, j’aurai certainement un excédent à payer.
J’emporte 6 arbalètes, dont 5 pour Chaï qui ouvre une petite boutique de pêche.
Au comptoir d’Etihad, je suis en avance, mais l’enregistrement a déjà commencé. 8 kg pour le sac d’arbalètes (mais en réalité, 10),
et 30,4 kg pour le gros sac. « C’est du matériel de pêche ? » - « Oui, c’est ça … le reste, c’est de la plongée. C’est très lourd ».
L’hôtesse, une charmante Antillaise, est empêtrée avec un nouveau logiciel installé la veille; un formateur est à côté pour l’aider
dans le dédale des menus de son écran : elle est trop préoccupée pour penser à me parler d’excédent de bagages,
alors que mon billet « Air Berlin » précise que ma franchise est de 23 kg !
Mon étui à arbalètes est déposé au comptoir « hors format » : j’espère que je le retrouverai à Phuket !
Voyage OK ; Paris – Abu Dhabi, 2 heures d’escale, et Abu Dhabi - Phuket.
Je n’arrive pas à dormir, je somnole deux heures tout au plus – et l’avion se pose enfin à Phuket :
à 18h14, je sors de l’avion, je passe le contrôle des passeports dans les premiers, à 18h27, je récupère mes sacs sur le tapis à bagages :
la housse d’arbalètes et le sac de plongée arrivent dans les premiers ; je passe devant les douaniers, qui ne s’intéressent ni à moi,
ni à mon paquet d’arbalètes, et c’est avec soulagement qu'à 18h34 (20 minutes seulement après l’atterrissage), j’embarque dans le taxi
qui m’amène à Ao Sane ! A Ao Sane, je déguste longuement un Tom Kha Kaï avec Chaï …
Puis je me retire dans mon bungalow où je monte les arbalètes de 23h00 à 0h30. Et je m’endors enfin … Premier réveil à 5h30 du matin.
Je crois que je suis encore en France, puis je réalise que je suis dans mon bungalow isolé sur son rocher. Le chant des cigales s’élève …
Je me rendors, pour me réveiller, ma chambre inondée de lumière, avec des éclats de soleil qui miroitent sur les vagues.
Un petit vent murmure dans les feuillages. C’est marée haute.
Je fais un petit tour à Naï Harn, à 1 km du bungalow, pour acheter quelques bricoles, et quand je rentre à Ao Sane,
on m’annonce que je dois être prêt à midi, pour une grande sortie pêche ! Pas le temps de bien préparer le matos :
j’ai à peine préparé le RA et le Omer 130 Cayman HF que l’on vient me chercher au bungalow !
Le speed-boat est là, on embarque à la petite plage ! Tout le monde a embarqué, j’arrive le dernier;
les 2 X 115 CV nous amènent vite à Racha Noï, sous un soleil éclatant. Brise légère, petites vagues.
Je m’injecte des gouttes nasales pour décaper les sinus. On s’arrête à la pointe Nord : eau verdâtre, visi 8-10m ;
premières apnées en descendant très lentement, précautionneusement, vers 8m. Les apnées suivantes sont contractées,
ça passe à condition de descendre lentement. Le courant nous amène vers l’arête rocheuse de la pointe.
Au bout de la dorsale, 4 belles carangues bleues (4 kg) s’abritent du courant ; elles giclent quand je descends,
leurs pectorales bleues déployées, ondoyant de leur nage parallèle. On change de coin.
Après une station le long de la côte, le speed boat jette l’ancre au grand sec Sud. Peu de courant, peu de poisons.
Je parviens à descendre vers les 13-14m, les apnées s’enchaînent plus décontractées. Mais la visi est insuffisante : 10m.
Je cherche la bordure en amont du courant, et à 30-40m du sec, je vois un wahoo plutôt trapu (8 kg ?) sans pouvoir l’approcher.
Chaï prend un lutjan rouge. Je vois 3 thazards et un petit TDC. Trop loin. Le courant est faible.
En descendant en vue de la « bordure amont » du sec, je vois un TDC très clair, qui avance très lentement le long de la corde de l’ancre :
je prends une trajectoire de rapprochement, très lente, il faut un tir KO ; je pourrais le tirer de face,
je préfère le tir de trois-quarts arrière qui ménage la flèche … Il est à 3m de la pointe : tir dans la tête !
Mais damned, il démarre ! Je laisse filer l’arbalète, et retiens la ligne … qui me reste dans la main !
Je vois le TDC filer avec l’arbalète et disparaître …
L’émerillon de jonction avec les 5m de ligne terminale était corrodé (voilà 20 ans que je l’utilise) et a cédé !
Mon RA 130 alu, avec sa flèche de 7mm qui était restée droite, parti ! Et c’est surtout sa tête Viper que je regrette.
Et pourtant, mon mouillage, j'en ai pris le plus grand soin : en 20 ans, jamais je ne l'ai pas rincé dans l'eau douce une seule fois !
Je rentre au bateau prendre mon arbalète de rechange (mon Omer Cayman HF 130), avec sa flèche RA de 6,6mm.
Le courant a forci. Je prends un petit TDC d 3 kg (histoire d’assurer le sahimi et de conjurer le mauvais sort).
On lève l’ancre, et le speed-boat nous dépose sur un coin où il y a des pierres à GT. Mais rien. On rentre quand le soleil se couche.
On arrive à Ao Sane dans la nuit ; c’est marée haute et le speed-boat nous dépose à la plage !
Chaï nous amène un sashimi (avec le petit TDC), pour clôturer cette journée ...