403emeRA a écrit :ggerald06190 a écrit :
pour la visée, c'est simple, il faut réellement visé avec la tahitienne et non en automatique avec les sandows!: c'est très simple à dire mais dure à appliquer, sur mon pal85 j'y arrive très bien mais sur le pal110 je suis un peu à la ramasse, je tire au dessus! mais bon, les conseilleurs ne sont pas les payeurs! entraine toi sur des bidons lestés, au moins tu vera tes defauts de tir! :wink:
:degage: :panpan: :wink:
Pour la visée, j'ai l'impression que ce qui marche c'est la flèche qui atterrit là où tu regardes. Tes yeux sont le guide je pense. Pour les grands fusils, ça colle pas mal ce système. J'en ai causé avec des potes, on a tous souvent le même défaut de tirer souvent haut avec des arbalettes de + 115 quand on veut viser avec la flèche. On regarde plutôt l'impact qu'on prévoit sur le corps du poisson. En clair, si je regarde la tête, ma flèche ira dans la tête.
Et ça à l'air de fonctionner.
J'en profite pour le petit CR de la dernière sortie, on s'est bien marré. Histoire de dire qu'il n'ya pas qu'en France qu'on fait des gros poissons.
Mise à l'eau 7h.
Quand même trop tard, on a laissé passer les 2 meilleures heures en ce moment. Les trop grandes chaleurs de la journée rendent l'eau en surface si chaude qu'aucun poisson ne s'y aventure plus en milieu de journée.
Cédwic et moi en dérive sur 120 m de fond, un bleu éclatant sur fond de chant de baleine, et là on sait que ce n’est vraiment pas la peine parfois de chercher à cueillir des fruits trop lointains comme à la Zélée ou au Geyser.
Aujourd’hui, le bonheur est dans le près.
Les wahoos tournent en bancs véloces et affamés dans une mer encore froide la nuit passée, pas de très gros, tous calibrés entre 8 et 15 kg.
Mister bungee et Miss pointe détachable sont mis à rude épreuve.
De nouveaux venus ceux là, n'ont jamais vu un leurre de leur vie...C'est d'ailleurs leur dernière heure pour cette vie là.
On alterne coulées et tirs. Toujours le même scénario, avec quelques variantes.
Vu d'en haut, le wahoo est attaqué bille en tête, lui focalisant sur le leurre, nous pointe en avant, anticipant sa course. Tir de haut vers le bas souvent, pas le meilleur angle pour le tuer net, mais bien accroché, ça nous vaut des départs fracassants des trains de bouées.
On arrive à faire à presque chaque passage un doublé.
Gardant le poisson en bout de câble, un deuxième wahoo joue la resquille, et sa maraude lui vaut de perdre ce qu'il a de plus précieux ce matin là.
Agachon au leurre, on les voit venir de loin, il faut orienter sa position face à eux, et retourner un fusil de 1 m 70 de long, à contre courant, c’est pas si facile.
Bloquer tout geste, patienter, choisir celui qu’il faut aligner en supputant sur sa trajectoire à venir, la plus proche de nous, attendre, encore et encore, poumons prêts à éclater, attendre le moment propice qui rend le tir efficace, la livrée tigrée argent de cette torpille abusant le chasseur au point de lui faire croire le poisson plus loin qu’il ne l’est, et lâcher un tir pour rien, dans le vide.
L’œil enfin assez proche, regard riveté sur la ligne de vie, pression instinctive sur la détente. On ressent dans son ventre le bruit craquant que fait la flèche en percutant la viande du wahoo. Une sorte de scrotch, jouissif et hystérique, victorieux et absolu. Quand c’est le partenaire qui y a droit, on ressent une telle frustration à l’écoute de ce bruit, que la jalousie irraisonnée et fétide prend le dessus.
Tant de fois on voudrait pouvoir le revivre ce terrible craquements des os du poisson, annonciateur de joies et de fierté.
Parfois, mis à mal par des tirs successifs et des mouvements incontrôlés du poisson, le câble inox de 156, reliant la flèche et le train de bouées, se tord.
Affres de l’échec, au tir suivant, tout s’emmêle, flèche, sandows, câble…Et le poisson, à peine effleuré, s’éloigne, même pas surpris qu’on puisse lui en vouloir.
Cette mésaventure, je l’ai fréquemment vécue. Elle m’a value les plus beaux loupés possibles et variés. Marlin, wahoos normes, espadons voiliers…Et j’en passe. Karma stupide et puant, ces poissons n’étaient pas pour moi, l’offrande aux ancêtres de dessous la mer n’était pas la bonne.
Restant raisonnable, je sais, le matos, clair et sur à 100%.
Remonter à bord, pince à sleeves, câble neuf, bricolage studieux et impatient au milieu du sang de poisson.
Incroyable aujourd'hui, pas un requin. Alors que deux jours plus tôt il y en avait tant au point d'avoir même la visite d'un marteau de 3 m en surface au ras du bateau...
On se sent, à juste titre, tranquilles, en sécurité, la première journée de l'année où tant d'harmonie règne pour nous humains chasseurs.
On peut mêler sang et peau gluante de poisson avec sueur et rires, les photos de nos prises sont là pour continuer à faire vivre ces instants qui sont le sel de notre passion. La joie de tuer en affrontant mano à mano les éléments.
On se sent indestructibles, c'est rare, c'est bon, et on en profite, à juste titre.
Le sacro saint courant rentrant se tarit. On voit le chemin inverse que nos bouées attaquent. Elles sortent vers le large. Mauvais signe. On sait que plus rien ne viendra.
Alors on broumège, sérieusement.
Les tripes envahissent et troublent l'eau tout autour de nous. Un beau requin gris zigzague entre les leurres et ces odeurs saignantes.
Cédwic qui a monté sa caméra sur la tête du fusil peste âprement, panne de batteries au moment où le requin fait son show.
Un albacore saisit sa chance et nous feinte entre deux apnées, si véloce qu'il nous laisse sur le cul à chaque tentative d'approche. Avec ses deux ailes jaunes déployées comme des faux, c'est un avion de combat qu'on affronte, nous lourds bombardiers, lui habile et furtif chasseur.
Nous sommes récompensés par deux beaux wahoos, les derniers. Coup sur coup, encore une fois, Cédwic en traque rapide vers le large, moi quelques secondes plus tard juste après son tir.
Cette ultime prise est la rançon de la patience. Poursuite, esquive du wahoo. Arrêt, bras tendu, plus un mouvement. Pause du poisson, léger virage vers moi. Un coup de palme. Valse hésitation, il se rapproche. Immobilité totale. Il glisse d'abord en se rapprochant, et puis non, il repart. Furieux coups de palmes, corps tendu à l'extrême, l'œil déjà sur le point à viser, la flèche le percute sur son deuxième virage de feinte.
Trop l'habitude pour m'y laisser prendre, ce une deux du wahoo. Le une à droite passe, le deux à gauche trépasse.
La flèche le prend sous la colonne, il se cabre en vomissant son dernier repas, vibre d'un dernier soubresaut, se laisse remonter.
On est crevé. 12 h bientôt, déjà 5 heures qu'on traque nos proies.
De beaux poissons dans le bateau, un désert subit autour de nous. Les va et vient incessants des barques de pêcheurs à la ligne ont même cessés. Le wahoo est un matinal, on ne le reverra plus.
Se laisser gentiment chahuter par le courant, glissade fatiguée vers le nord.
On grapille quelques coulées, sans grande motivation, on a trop fait.
Seule une dernière pierre nous remet d'aplomb.
On se bat pour rester au dessus, les bouées tirant nos fusils vers l'arrière.
C'est une oasis fantastique au milieu d'un désert de sable qu'on découvre sous 24 m d'eau. La surface d'un stade de hand, large dôme arrondi, une profusion de vie.
Un banc d'ignobilis de 20 à 40 kg nous feinte. Plusieurs mérous sortent à notre rencontre. Une loche paisible et bouffie se laisse poser la pointe du fusil sur le crâne sans broncher. Elle recule sans plaisir quand je m'éloigne, elle avait besoin de compagnie. Pas de tir sur elle, la loche est trop rare aujourd’hui.
On se concerte pour un mérou. Eux sont nombreux. Cédwic qui est équipé d'un train de bouées rigides, sans bungee, peut y aller. Je contrôle la suite des opérations de la surface, prêt à hâler sa prise à l'instant du tir, éviter impérativement que le mérou s'enrague dans sa pierre. Là, c'est adieu flèche et poisson, avec ce courant, requiat in pace.
Tir sur 20 m, mérou de face, colonne brisée, remontée aisée, on se laisse emporter maintenant par la houle légère qui s'est formée avec le changement de marée.
On voit de loin la loche qui se reposte sur le haut de sa pierre.
Le GPS a un nouveau bébé dans son ventre électronique, point 131, « Loche Iris ».
Les pics de la journée sur…
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